8000 km à parcourir avec un moral des plus bas. Difficile de tenir 9 heures dans les airs sans refaire, avec amertume et mélancolie, les matchs des Verts. Insomnie à 10 000 m d'altitude. Johannesburg De notre envoyé spécial C'est dur ce que peut ressentir un supporter de retour à son pays, après un séjour aspergé de regrets, de déception et de frustration. Le voyage paraît plus long qu'à l'aller. Un aller rempli d'espoir et d'ambition. Souvent démesurés. A bord, les passagers, la mine défaite, essaient de gagner quelques heures de sommeil pour chasser le dégoût et l'ennui. Certains tentent de positiver en estimant que notre équipe nationale est sortie avec les honneurs. Après tout, même la sélection de Domenech a plié bagage au même palier que nous. L'Italie, aussi. Les autres représentants africains n'ont pas connu un meilleur sort… Les stewards et l'hôtesse de l'air, le cou entouré d'écharpes aux couleurs nationales, continuent de sourire comme à leur habitude. Rien n'y fait. Des supporters silencieux, recroquevillés dans leurs fauteuils, regardent sans vraiment voir les photos et les vidéos immortalisées par leur appareil au pays de Mandela. L'écran indique qu'on survole le Zimbabwe, puis la Namibie, l'Angola… A 10 000 m d'altitude, avec quelques petites zones de turbulences, l'impatience ne fait qu'accentuer. Certains pensent déjà qu'on sera accueillis par une équipe de l'ENTV. Mais, l'esprit n'était pas aux fanfaronnades, ni à l'exhibitionnisme. « Disons qu'on a eu cette chance d'avoir assisté au Mondial, on était des acteurs aussi. On a fait du tourisme, aussi », tentent de justifier mes voisins de l'Airbus A 330. On se remémore les beaux instants passés au Hotfield Square de Pretoria, les nuits gelées à Stellenbosch, l'aventure nocturne de Polokwane, la splendeur de cape Town, les beaux stades, l'hospitalité des autochtones… Quinze jours de présence dans un pays où les préjugés dépassent la réalité. On avait beaucoup d'appréhensions avant et à l'arrivée au pays de la vuvuzela. Au final, et on devrait le dire, on a eu plus de désagréments avec certains de nos compatriotes que de nos hôtes. On était 1800 supporters à avoir embarqué d'Alger entre le 9 et le 12 juin, tous animés d'esprit de solidarité et d'entraide. Une fois à bon port, beaucoup ont oublié qu'ils représentaient toute une nation. Des jeunes ont été incarcérés pour chapardage dans des supermarchés, d'autres pour outrage à fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions. Des jeunes, pour s'être aventurés de nuit et avoir participé anarchiquement à des fiestas publiques, ont été agressés. Sans gravité heureusement. Trois jeunes supporters ont ressenti des malaises dus au changement climatique et à la nutrition. Ils ont été soignés par l'équipe médicale accompagnatrice des contingents algériens. Difficile de maîtriser une forte délégation juvénile, dont la plupart avaient pris l'avion et visité un pays étranger pour la première fois. Les jeunes se sont exprimés à leur façon, mais bon… Enfin, de façon générale, le comportement inacceptable d'une minorité d'Algériens a été noyé dans l'esprit festif des Sud-Africains. L'hôtesse de l'air annonce l'atterrissage imminent sur Alger. Au prochain Mondial inchallah !