Au coup de sifflet final de l'arbitre, la fête qui a déjà commencé il y a plusieurs jours, devra se prolonger si les Verts jusqu'ici valeureux, téméraires, combatifs, arrachent, de haute lutte, le sésame pour le Mondial au pays de Mandela. De notre envoyé spécial : Djamel Ouaglal Les joueurs algériens savent que leur destin peut basculer dès ce soir. Même si depuis quatre ans, les camarades d'Aboutrika dominent le continent, les Ziani and co sont décidés à jouer le match de leur vie. La bande à Saâdane a profité de son séjour en Italie et au soutien de tout un peuple pour se refaire une santé et procéder à tous les réglages possibles, notamment sur le plan tactique, pour affronter les Pharaons. Un match qui s'annonce explosif sur le plan ambiance, surtout que les Egyptiens ont promis l'enfer aux Algériens, et ce qui s'est passé jeudi dernier aux abords de l'hôtel en est une preuve. Les coéquipiers de Ziani sont prêts à se sacrifier pour le gagner et se disent pas du tout impressionnés par ce que feront les Egyptiens. L'incident de jeudi les a rendus encore plus solidaires. Mais, pour surprendre les Egyptiens et arracher le billet qualificatif au Mondial sud-africain qui changera tout dans la vie des Verts, il faudra plus qu'un bloc soudé. Ainsi les Algériens devront certainement puiser dans les principes fondamentaux de leur football : la rapidité, l'inspiration, des passes rapides à une ou deux touches de balles, alliant qualité et maîtrise technique. Le mental a également son rôle, la patience finit toujours par payer et la détermination jusqu'au bout sont des conditions sine qua non pour passer le géant égyptien. Ce qui est clair dans la tête du sélectionneur national, Rabah Saâdane, ce sont les postes clés, que ce soit en défense, au milieu du terrain ou bien en attaque. Ainsi, on devrait retrouver Gaouaoui dans les buts, une défense classique avec Matmour à droite, Belhadj à gauche et une triplette axiale composée de Antar Yahia, Bouguerra et Halliche. Au milieu, les tâches ingrates devraient revenir au duo Mansouri - Lemouchia dans la récupération, alors que sur le plan de l'animation Ziani est bien parti pour prendre sa place derrière une attaque dont Ghezzal et Saïfi seront les principaux instigateurs. Les Algériens attendent patiemment cette fatidique heure pour libérer leur joie. Ils disent avoir attendu 24 ans et peuvent encore patienter 90 minutes. L'équipe probable l Gaouaoui, Matmour, Belhadj, Bougherra, Antar Yahia, Halliche, Lemouchia, Mansouri, Ghezzal, Ziani, Saïfi La preuve Arrêt sur image L'attitude de la FIFA n'a pas vraiment convaincu la partie algérienne qui s'attendait à une réaction plus rigoureuse, avec au moins un avertissement officiel doublé d'une sanction sous forme d'amende ou de matchs à huis clos à l'avenir pour la sélection des Pharaons, mais il n'en fut rien. Pourtant, pour des incidents moins graves que ceux qui se sont déroulés jeudi au Caire et reconnus par ses représentants, la FIFA a souvent lourdement sanctionné, et les clubs et les associations, notamment en Europe. N'est-ce pas le cas ailleurs, en Afrique par exemple ? Où bien que la FIFA est beaucoup plus soucieuse de la réussite de sa Coupe du Monde au point de fermer les yeux sur des actes d'une extrême violence ? Et pourtant les scènes de l'agression sur le bus qui transportait les Verts ont été bel et bien filmées par Canal+, heureusement dirons-nous, qu'il y avait la présence de ce support médiatique aux côtés de la délégation algérienne, mais sans pour autant que l'instance de Blatter ne prenne en considération alors que des milliers d'Algériens et autres ont pu consulter sur la vidéo. Ses accointances avec la Fédération égyptienne de football et l'Etat égyptien qui vient d'organiser la Coupe du monde des U20 n'ont-ils pas pesé sur la balance ? Il faut avouer que la violence et le phénomène de hooliganisme sont différemment combattus – à travers la fermeté de l'instance internationale - d'un continent à un autre. Les stades en Europe sont devenus plus clean, contrairement à ailleurs où la violence est souvent présente même au niveau des médias. Même lorsque ces derniers, en Egypte, ravivaient le feu de la haine en s'attaquant à des valeurs et à la dignité d'un pays (l'Algérie), la FIFA s'est contentée d'un simple communiqué pour rappeler à ce pays ses obligations envers une sélection hôte et ses supporters, qu'ils n'ont d'ailleurs pas tenues après l'incident grave de jeudi. Le foot-business engrangeant des sommes faramineuses à travers les sponsors, annonceurs et surtout droits TV a aveuglé tout le monde, y compris la FIFA qui s'est installée confortablement dans cette logique depuis bien longtemps. À quelques semaines du tirage au sort de la prochaine coupe du Monde (le 4 décembre à Johannesburg) et à quelques mois de la tenue de cette première phase finale en Afrique, cette dernière doit rester propre. Alors, l'attaque du bus algérien, ce n'est qu'un petit détail à classer parmi les actes isolés du football. Température Shehata - Saâdane : secret d'Etat ! A quelques heures seulement du coup d'envoi du match contre l'Egypte, les nouvelles émanant de la sélection nationale sont bonnes. Selon nos sources, les blessés, à l'image de Bougherra, Antar Yahia et Ziani sont prêts à prendre part au match. Il y a aussi une excellente ambiance qui règne au sein du groupe. La seule énigme qui persiste réside dans le onze rentrant qu'alignera Saâdane pour aborder cette manche décisive sur la route sinueuse de la Coupe du monde-2010, notamment en attaque et au milieu du terrain. Plusieurs suppositions vraisemblables, mais le staff technique tient vraiment au secret son plan de bataille. Le match Egypte-Algérie est maintenu La FIFA clémente avec l'Egypte l Il faut dire que le président Raouraoua a tout fait pour le match Egypte-Algérie soit carrément annulé après ce qui s'est passé jeudi en début de soirée. Mais le suspense n'aura duré finalement que quelques heures. Le match aura bel et bien lieu aujourd'hui à partir de 18h 30 (heure algérienne) au stade du Caire, malgré l'agression dont a été victime la délégation algérienne à son arrivée à l'hôtel. Tout en reconnaissant l'acte grave des Egyptiens , l'instance de Josef Blatter a ordonné seulement aux responsables locaux d'assurer la sécurité des supporters algériens et des joueurs, faute de quoi, le match sera annulé à la moindre petite déviation. L'Egypte l'a échappé belle surtout qu'elle appréhendait le scénario de 1993 lors du match face au Zimbabwe où, on s'en souvient, le projectile reçu par l'ancien gardien de but de Liverpool, Bruce Grobelaar, a obligé la FIFA à faire rejouer le match en Europe, à Lyon exactement. Une décision qui avait fait très mal au football égyptien puisque les Pharaons ont été éliminés par la suite. Une chose est sûre, les Egyptiens devront se montrer plus calmes, car à la moindre nouvelle dérive, ils seront sévèrement sanctionnés. La presse Un black-out sélectif ! n On ne voulait pas dénoncer la décision du président de la FAF, Mohamed Raouraoua, quant à la relation entre l'équipe nationale et la presse algérienne dans l'intérêt des Verts, histoire de ne pas mettre tout sur le dos de la corporation au cas où il n'y aurait pas de qualification au bout du compte. Depuis quelque temps, il n'y a plus de traditionnelle conférence de presse d'avant-match et plus d'interviews avec les joueurs. Ce zapping a pris au dépourvu toute la presse algérienne, notamment la grande majorité des médias qui n'ont pas eu le privilège de suivre les hommes de Rabah Saâdane du côté de l'Italie lors de leur stage de préparation. Du coup, c'est toute l'opinion nationale qui est sanctionnée par cette sortie inattendue. Le président Raouraoua a permis à la presse française de pénétrer cette équipe nationale, alors qu'il impose un black-out total pour la presse locale. C'est désolant ! ! ! Djiar : «La réaction de la rue algérienne peut sembler légitime» Riposte n Les hauts responsables algériens ne sont pas restés indifférents à ce qui s'est passé après l'arrivée de la sélection algérienne au Caire. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a improvisé un point de presse devant le portail de l'hôtel Iberotel. En prenant la parole, le premier responsable des sports en Algérie annonce la blessure de deux joueurs (Halliche et Lemouchia) et de l'entraîneur des gardiens de but, Hassan Belhadj. D'autres éléments souffrent de traumatismes sans gravité. «Les joueurs sont tous en bonne santé, même si nous avons enregistré quatre éléments qui ont reçu des coups. Il s'agit de Lemouchia, Halliche et Saïfi, ainsi que de l'entraîneur des gardiens de but, Hassan Belhadj.» Il affirme, toutefois, que «malgré ce bien triste événement, l'état mental des joueurs est excellent. C'est désolant d'en arriver là». Le ministre affirme que l'Algérie a pris toutes les dispositions pour faire toute la lumière sur ce regrettable incident. «Nous avons réquisitionné le bus qui transportait les joueurs, ensuite, nous avons fait appel aux responsables de la Fifa pour constater ce qui s'est réellement passé et les blessures de nos joueurs.» Cependant, il insiste pour apaiser les esprits afin que cet événement ne prenne de plus larges proportions. «Il ne faut pas le sortir de son contexte. La presse, notamment égyptienne, a attisé le feu depuis deux mois. Elle a favorisé une évolution déplaisante de cette histoire. Mais en toute objectivité, il faut dire que les autorités et encore moins la population égyptienne ne sont impliquées directement. Ce ne sont que quelques énergumènes qui ne représentent pas l'Egypte», dira M. Djiar. Les dispositions prises par les autorités égyptiennes n'ont pas été suffisantes pour éviter que les supporters égyptiens ne s'approchent trop près du bus qui transportait la délégation algérienne. Le ministre a relaté les faits qui se sont produits dès la sortie des Verts de l'aéroport tout en affirmant que cet incident a eu un effet plus positif que négatif sur les joueurs. «Nous sommes sortis de l'aéroport et voilà que nous avons été accueillis par des jets de pierres. Dieu merci, nos joueurs ne sont que légèrement blessés et le staff médical fait tout pour les remettre sur pied. L'état d'esprit, qui règne actuellement chez les joueurs, est très positif.» Par ailleurs, M. Djiar exhorte la Fifa à assumer «pleinement ses responsabilités en toute honnête objectivité. Il ne faut pas que ce préjudice passe sous silence. Nous condamnons énergiquement ce qui s'est passé et je l'ai fait savoir aux responsables égyptiens. Néanmoins, et je le répète encore une fois, nous espérons que la Fifa se prononcera de manière juste. Je ne sais encore pas, si le match se jouera au Caire où ailleurs, mais cet incident devra inciter les autorités égyptiennes à renforcer leur dispositif. Nous avons entière confiance en notre équipe nationale», conclura-t-il. quipe nationale», conclura-t-il. Message Le Président adresse une lettre à l'équipe nationale Si le Président égyptien Hosni Moubarak s'est déplacé en personne jeudi à l'International Cairo Stadium du Caire pour saluer les joueurs de Shehata à l'heure de l'entraînement les encourageant à gagner tout en restant fair-play quelle que soit l'issue de la rencontre, le président de la République Abdelaziz Bouteflika a adressé, lui, un message de soutien et de reconnaissance à l'équipe nationale. C'est en fait une lettre d'encouragement envoyée par le frère Abdelaziz Bouteflika à ses frères de la sélection, joueurs et membres du staff technique, à la veille du match déterminant contre l'Egypte et pour lequel trois ministres du gouvernement ont fait le déplacement. Le chef de l'Etat a félicité les joueurs pour leur parcours et leurs résultats en portant tout haut les couleurs nationales lors de ces éliminatoires de la CAN et du Mondial-2010, tout en saluant leur ferme détermination à arracher la qualification finale. Le Président Bouteflika a demandé aux joueurs d'entamer le match de samedi face à l'Egypte, avec le courage dont se distingue le peuple algérien. Il a rassuré les joueurs que quel que soit le résultat du match face à l'Egypte, ils représenteront et resteront la fierté des Algériens et des Algériennes : «Quel que soit le résultat de votre rencontre avec l'équipe égyptienne, vous demeurerez source de fierté pour moi et pour tous les fils et filles de votre pays grâce aux efforts louables que vous avez consentis et à travers lesquels vous avez ravivé la flamme nationaliste algérienne. Mes espoirs sont grands quant à votre victoire et plus grands encore sont ceux du peuple algérien.» C'est dire l'importance donnée à cette rencontre par le premier magistrat du pays qui est resté en contact continu avec Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, surtout après l'agression dont a fait l'objet l'équipe algérienne jeudi soir à son arrivée au Caire. Suivi Medelci : «Bouteflika suit minute par minute ce qui se passe au Caire» n Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui est présent au Caire, s'est empressé de s'enquérir de la sélection. Il est arrivé à l'hôtel quelques heures après le fâcheux incident (20h17 local). Dès sa descente de voiture, il a déclaré que ce qui s'est passé «est désolant». Après avoir rendu visite aux joueurs le ministre des Affaires étrangères a tenu à rassurer tout le monde. «Le moral des joueurs est excellent. Il faut rester en contact pour établir le programme à suivre. Nous avons pris nos dispositions concernant toutes les éventualités. Jouer au Caire ou ailleurs, c'est du pareil au même. Il faut savoir, toutefois, que nous avons convoqué l'ambassadeur d'Egypte en Algérie pour avoir des explications. Cette affaire ne passera pas sous silence. Je vous informe aussi que le Président, en personne, suit avec un très grand intérêt l'évolution de cet incident», dira Medelci. L'ambassadeur Hadjar : «Leur rapport est un pur mensonge» l L'ambassadeur d'Algérie en Egypte, Abdelkader Hadjar, était hors de lui après ce qui s'est passé, mais surtout par le comportement de certains responsables égyptiens. «J'étais dans le véhicule derrière le bus, qui transportait la délégation algérienne en compagnie du ministre de la Jeunesse et des Sports. J'ai tout vu, il ne faut pas qu'ils sortent des choses imaginaires. La délégation en quittant l'aéroport a été surprise par des projectiles venant de trois endroits. J'ai été stupéfait d'entendre certains Egyptiens dire que ce sont les Algériens qui ont monté ce scénario de toutes pièces que ce sont eux qui ont cassé les vitres du bus... C'est un pur mensonge et c'est honteux de leur part. Nous avons été victimes d'un traquenard de la part des Egyptiens. Ils ont oublié que nous les avons très bien accueillis en Algérie où aucun incident n'a été signalé lors du match aller. Nous avons assuré leur sécurité depuis l'atterrissage de leur avion jusqu'à leur retour en Egypte. J'ai tout vu et personne ne peut dire le contraire. On nous accuse d'être les instigateurs de cet événement ! Je ne comprends pas comment des gens peuvent se blesser volontairement. Les Egyptiens disent qu'ils ont dressé un rapport, de quel rapport parlent-ils ? Nous avons saisi la Fifa et nous avons aussi convoqué l'ambassadeur d'Egypte en Algérie. Notre protestation a été vigoureuse», dira-t-il. Le canular Plus menteur que Zaher tu meurs ! n Le président de la Fédération égyptienne de football, Samir Zaher, a eu l'audace de faire des déclarations complètement erronées. Il n'a pas hésité à faire porter le chapeau aux Algériens en les accusant d'avoir monté de toutes pièces cette histoire. «J'étais au stade pour suivre l'entraînement de l'équipe surtout qu'il y avait la présence du président de la République. Nous avons un rapport qui compromet les Algériens. Ce sont eux qui ont provoqué l'incident. Ils ont monté un scénario et ce sont eux qui ont brisé les vitres du bus et se sont blessés. J'ajouterai que même la personne qui a allumé un fumigène à l'aéroport est un Algérien. Nous, Egyptiens, n'utilisons pas de fumigènes», dira-t-il avec une grande assurance. Une déclaration qui a étonné tous les Algériens. Il faut signaler que le président de la FEF est arrivé à ses fins puisque, dernièrement, dans une déclaration à la presse égyptienne, on pouvait lire : «Egyptiens, faites des Algériens ce que vous voulez.» Cette déclaration s'est matérialisée sur le terrain après ce qui s'est passé hier à l'entrée de l'hôtel. Une manière de montrer, que l'acte des Egyptiens, de jeudi soir, était bel et bien prémédité. Sinon, comment l'expliquer lorsque vous avez un haut responsable du football égyptien qui appelle ses compatriotes «à faire ce qu'ils veulent de la sélection nationale».