La génération dorée du football anglais était en toc. Sans avoir rien gagné, elle a quitté la scène à bout de souffle, sur la plus lourde déroute de l'histoire des Trois Lions en Coupe du monde, écrasée 4 à 1 par l'Allemagne dimanche en 8es de finale. Saint-Etienne (Mondial 1998), Charleroi (Euro 2000), Shizuoka (Mondial 2002), Lisbonne (Euro 2004), Gelsenkirchen (Mondial 2006) et maintenant Bloemfontein, autant de batailles perdues qui laissent un champ de ruines. Blessés, Rio Ferdinand, David Beckham, Michael Owen ont été les témoins impuissants de la débâcle finale, tout comme le retraité Paul Scholes. Mais sur le terrain, Ashley Cole, John Terry, Steven Gerrard et Frank Lampard sont restés tout aussi impuissants. « O Angleterre, vous êtes les plus grands imposteurs du football ! », se lamentait lundi un éditorialiste du très sérieux quotidien The Times. Pourtant, lors d'instants fugaces, la nation qui attend un titre depuis 1966, a pu y croire. Il y eut ce récital du « gamin » Owen contre l'Argentine en 8es de finale en 1998 (perdu aux tirs au but), l'un des plus beaux buts de l'histoire du Mondial. Il y eut aussi cette ouverture du score du même Michael Owen en quarts de finale contre le Brésil en 2002. La gloire ne sera jamais plus proche que ce 21 juin à Shizuoka. Si Beckham avait été moins indolent pour empêcher l'égalisation de Rivaldo, si sur le centre tir de Ronaldinho, David Seaman n'avait pas ouvert une longue série de bourdes des gardiens anglais, l'histoire aurait pu être différente. L'échec de Capello Mais de cartons rouges (Beckham en 1998, Rooney en 2006) en faillites collectives, l'échec est logique. En six phases finales, l'Angleterre n'a battu qu'une « grande nation », l'Argentine en 2002. Comment ces joueurs brillants en club ont-ils pu faillir à ce point ? L'attelage n'a jamais été complet. Il a manqué un gardien, un rempart du milieu comme le Français Patrick Vieira naguère, un vrai meneur de jeu. Il y a aussi eu le poids de l'attente, la « peur » qui paralyse, relevée par le sélectionneur Fabio Capello. Mais c'est sa faible intelligence tactique qui a coûté cher à l'Angleterre. Face à l'Allemagne, plus que le but refusé à Lampard, elle a payé sa précipitation, son impatience pour égaliser alors que le score était de 2 à 1. C'est dans ce secteur que l'Angleterre, pauvre en entraîneurs, attendait beaucoup de Fabio Capello. « Quelqu'un a le numéro de Jose Mourinho ? ». La question du Times résume la défiance envers l'Italien. Son impuissance a été frappante quand il a cherché le salut dans le recours aux slogans éculés de l'Angleterre assiégée, l'appel à la « passion », au « mental », ou à la célébration des vertus d'un verre de bière partagé... Et maintenant ? La sortie des Trois Lions a été plus digne que celle de la France, plus tardive que celle de l'Italie. Mais elle est plus inquiétante. L'Angleterre n'a jamais aligné une équipe plus âgée. Le pari de l'expérience fait par Capello est aussi le signe que la relève tarde à émerger... Pendant que Mesut Özil (21 ans) et Thomas Müller (20 ans) régalent l'Allemagne, Theo Walcott (21 ans) et Adam Johnson (22 ans), regardent le Mondial à la télévision. A 24 ans, Wayne Rooney peut regretter son Mondial raté : sa meilleure chance vient peut-être de passer...