Avec 80% des terres situées en zones montagneuses, la wilaya de Tizi Ouzou présente des atouts avérés pour développer l'espace rural si les pouvoirs publics venaient à mettre les moyens nécessaires pour l'accompagnement des populations locales. La relance des cultures traditionnelles qui constituent une rentrée d'argent aux paysans permettront de créer de la richesse et de l'emploi dans ces contrées déshéritées, oubliées des programmes de développement. Selon des spécialistes du domaine, la région qui a un savoir-faire non négligeable en la matière peut y développer plusieurs activités, tel que les élevages apicoles, caprins, ovins, avicoles et le maraichage. L'oléiculture constitue, elle aussi, un créneau porteur où les initiatives pour la labellisation du produit local se multiplient. La production en huile d'olive devrait atteindre durant cette saison plus de 18, 2 millions de litres, selon les prévisions de la Direction des services agricoles (DSA). Il faut dire que l'augmentation du prix de l'huile (800 DA/L), ces dernières années, a poussé beaucoup de familles à reprendre le travail de la terre. D'autres opportunités d'investissement existent dans la filière lait, l'apiculture et tout recemment, la culture de champignons, introduite à titre expérimental dans certaines localités. L'importance de la production laitière a donné lieu à l'émergence d'activités industrielles dans la transformation et la production de produits laitiers. Une vingtaine d'unités, entre laiteries et fromageries, sont opérationnelles sur le territoire de la wilaya. Douze autres laiteries implantées dans les wilayas limitrophes, comme Alger, Béjaïa et Blida, sont alimentées par des éleveurs de Tizi Ouzou. Lors d'une récente rencontre organisée à l'Institut de technologie moyen agricole spécialisé en agriculture de montagne (ITMAS) de Boukhalfa, un intervenant a fait savoir que l'agriculture traditionnelle ou familiale est la mieux adaptée à la région de Kabylie ou les terrains sont en grande partie privés et ou les exploitations agricoles sont très morcelées et de superficie très réduite. Un regain d'intérêt pour l'agriculture de montagne est d'ailleurs enregistré à travers les localités rurales. De plus en plus de jeunes s'orientent vers cette activité, constate, par ailleurs, un responsable au niveau de la chambre de l'agriculture. Selon lui, les services de administratifs concernés reçoivent de nombreux agriculteurs qui veulent revivre l'élevage familiale qui, ajoute-il, contribue au développement économique et sociale des zone rurales. Un bond quantitatif est constaté comparativement à la décennie passée, où le nombre des emplois relevant de l'agriculture ne dépassait pas les 5%. Pour insuffler une nouvelle dynamique dans la région, les populations ont initié plusieurs fêtes locales visant à mettre en valeur les produits des territoires pour subvenir aux besoins au quotidien. L'APW de Tizi Ouzou, qui a toujours plaidé pour l'essor des zones rurales, considère que l'exploitation des terres de montagne, représente une alternative pour le développement du secteur de l'agriculture dans la région. De ce fait, des mesures doivent être arrêtées pour permettre une stabilité et une amélioration des conditions de vie de la population agricole, particulièrement en zones de montagne, restées en marge du développement depuis l'indépendance, insistent les membres de la commission Agriculture. «Le secteur agricole est vital dans la mesure où dans les petites communes de montagne, les agriculteurs sont pratiquement les seuls agents économiques locaux. Du point de vue technique et financier, les agriculteurs de montagne ont toujours des coûts supplémentaires à rajouter par rapport à leurs collègues des plaines avec des rendements généralement faibles. A titre d'exemple, le revenu moyen d'un hectare agricole en zone de montagne est généralement inférieur à celui d'un hectare en zone de plaine d'au moins 30%», signale-t-on. Les zones de montagnes sont généralement défavorisées, notamment du fait des conditions de production agricole difficiles, mais qui présentent néanmoins des caractéristiques et avantages potentiels qui doivent être préservés comme la richesse de leur production traditionnelle de qualité (produits de terroirs: miel, figues fraîches, figues sèches, l'huile d'olive, production animale..), considèrent les élus locaux. Pour réussir une agriculture de montagne, «il faudrait que les pouvoirs publics élaborent une stratégie spécifique à ces régions», est-il souligné dans un document élaboré par cette commission. Entres autres recommandations des élus APW, l'aide et l'assistance aux petits agriculteurs, réalisation et entretien de pistes agricoles, mise en valeur des terres.