Plus les jours passent et plus s'accroissent les chances de Rabah Saâdane de conserver son poste de sélectionneur national. Sauf revirement de dernière minute, de sa part, il sera confirmé dans ses fonctions. Après une profonde réflexion, la Fédération algérienne de football (FAF) est arrivée au constat suivant. Il faut prolonger la présence de Rabah Saâdane à la tête de l'équipe nationale. Elle (la fédération) a la conviction que c'est le choix le moins mauvais dans le contexte actuel. Cette option, reconduction de Rabah Saâdane, ferme (momentanément ?) les deux pistes souvent évoquées depuis l'élimination des Verts au premier tour de la Coupe du monde 2010, à savoir celles de l'entraîneur étranger et du produit local. D'aucuns diront : « Reconduire Saâdane est un choix par défaut. » Faux rétorque une source proche du bureau fédéral pour qui « la reconduction de Rabah Saâdane dans ses fonctions obéit à une seule volonté. Celle de garantir la bonne marche de l'équipe nationale. Il connaît la maison, les joueurs assimilent ses méthodes de travail, lui aussi maîtrise le groupe... et il ne faut surtout pas perdre de vue une chose capitale. Il n'aura pas besoin de beaucoup de temps pour connaître les joueurs, c'est déjà fait, et les éliminatoires de la CAN 2012 et 2013 sont à nos portes », martèle notre interlocuteur. Ceci d'une. De deux, Rabah Saâdane maintenu, toutes les spéculations concernant son ou ses successeurs tombent à l'eau. N'est-ce pas une stratégie pour barrer la route aux prétendants ? « Nullement ! », réplique un dirigeant fédéral. Les candidats à la succession devront attendre l'après-CAN 2012. Qu'en est-il de la piste de l'entraîneur étranger ? La fédération semble s'être complètement détournée. Pourquoi ? « L'analyse de notre participation au Mondial a démontré que ce dont nous avons besoin c'est maintenir le groupe en place, repartir avec lui en injectant un peu de sang neuf et surtout gagner du temps dans la perspective du début des éliminatoires de la CAN 2012. Rabah Saâdane n'aura pas besoin, au contraire d'un coach étranger, d'une période pour connaître les joueurs, appréhender leur mentalité, jauger leur degré d'intégration dans le groupe. Tout cela est un gain important qui permettra à l'équipe nationale de poursuivre sa progression sans difficulté », non sans reconnaître qu'« une réflexion a été menée dans ce sens (recrutement d'un technicien étranger) et elle a abouti au choix qui sera entériné dans les prochains jours », à savoir le maintien de Rabah Saâdane à son poste. La fédération a fait une évaluation de ce que lui coûtera l'engagement d'un coach étranger « qui ne travaillera que 35 jours par an, 6 matches officiels et 2 amicaux et à qui il faudra verser quelque chose comme 25 milliards de centimes par an ». Des dirigeants de la FAF estiment que « c'est beaucoup d'argent pour si peu de temps de travail ». Les (mauvais) exemples africains Les (mauvais) exemples de l'Afrique du Sud, Carlos Alberto Parreira (Brésil), du Nigeria, Lars Lagerbäck (Suède), Cameroun, Paul Leguen (France), Côte d'Ivoire, Sven-Göran Eriksson (Suède) qui ont battu le rappel de coachs étrangers à coups de millions d'euros, pour les résultats que l'on connaît, n'ont pas plaidé pour la piste du technicien étranger même si au départ cette option semblait inéluctable. Quelles sont les véritables raisons de ce revirement ? Au-delà de ces considérations techniques liées aux échéances (début des éliminatoires de la CAN 2012 en septembre, le souci d'éviter les ratages liés à l'arrivée d'un nouveau coach), la décision de la fédération a été guidée par le souci de ne pas jeter l'argent par les fenêtres et la (presque) certitude que Rabah Saâdane est capable de conduire les Verts en CAN 2012 et 2013. En contrepartie, l'intéressé fera des concessions de taille par rapport à l'avant-Coupe du monde. Le staff technique qu'il avait choisi au début des éliminatoires de la CAN 2010 et de la Coupe du monde 2010 quittera le navire. Le trio Djelloul-Kabir-Belhadji a vécu. Rabah Saâdane poursuivra sa mission avec d'autres collaborateurs. Le coach de la sélection des locaux et des olympiques, Abdelhak Benchikha, sera la première « recrue » du nouveau staff technique. Abdenour Kaoua sera peut-être l'entraîneur des gardiens de but. D'autres (jeunes) techniciens sont susceptibles d'intégrer le staff avant la rencontre amicale face au Gabon, le 11 août prochain à Alger. Abdelhak Benchikha devrait être le pendant de Rabah Saâdane au cours des deux prochaines années. Le jeune coach des locaux et olympiques sera sur la brèche tout au long des prochains mois. Il conduira la sélection des locaux à la CAN 2011 au Soudan et préparera en même temps les éliminatoires des Jeux olympiques de 2012. Il va cumuler de l'expérience internationale qui lui servira dans l'accomplissement de sa mission avec les Verts. Le maintien de Rabah Saâdane, avec un renforcement qualitatif de la barre technique, est donc le but de la fédération qui, plus que jamais, prône la stabilité au niveau du staff technique. L'exemple de l'Egypte, triple vainqueur consécutif de la CAN, avec Hassan Shehata, inspire beaucoup de fédérations africaines toujours tentées par le changement... pour le changement. Péréniser la présence des verts à la CAN et en Coupe du monde Aujourd'hui, l'équipe nationale doit péréniser sa présence aux grands rendez-vous continentaux (CAN) et mondiaux (Coupe du monde). Ses atouts, elle doit les étaler à longueur d'années et de matches. A l'instar des ténors africains (Cameroun, Côte d'Ivoire, Nigeria, Ghana), l'Algérie ne doit plus rater les stations à venir, Gabon-Guinée équatoriale (2012), Libye (2013) et surtout Brésil (2014). Cela passe obligatoirement par la constance dans les (bons) résultats, la stabilité du staff technique et de l'effectif et aussi par la mobilisation de moyens (humains, financiers, administratifs, logistiques) sans qui la réussite sera toujours aux abonnés absents. La chance de l'Algérie c'est qu'elle dispose d'un riche et jeune effectif qui arrive à maturité. Derrière, des jeunes poussent pour déloger les titulaires à l'image de Boudebouz, Mesbah, Medjani, Guedioura, Meftah, Zemmamouche, Ziaya, Ghezali... tous susceptibles de porter le maillot vert en 2012. D'autres footballeurs sont suivis ici et ailleurs. En temps opportun, ils seront convoqués en sélection. A présent, plus personne ne doute de la qualité du banc algérien depuis l'arrivée de la nouvelle promotion conduite par Kadir et Boudebouz. Le challenge que Rabah Saâdane et son prochain staff doivent relever concerne un aspect relégué dans les tiroirs, à savoir la qualité du jeu. L'équipe nationale doit tendre vers un jeu spectaculaire et plus offensif que la caricature délivrée en Coupe du monde plus particulièrement face à la Slovénie (0-1). Le staff technique doit s'appuyer sur les matches références livrés contre l'Egypte à Blida et la Côte d'Ivoire à Cabinda. Les deux fois, les Verts ont marqué 3 buts par match avec la qualité de jeu en sus. C'est vers cet objectif qu'elle doit désormais tendre lors de ses futures sorties. Le nouvel attelage Saâdane-Benchikha doit pouvoir mener le bateau à bon port (CAN 2012 et 2013). Après la CAN 2013 en Libye (janvier 2013) débuteront les éliminatoires de la Coupe du monde 2014 au Brésil. La phase des éliminatoires s'étendra sur 10 mois (février-novembre 2013). Peut-être que là, la fédération fera appel à un technicien étranger si, bien sûr, le besoin s'en fait sentir.