L'Argentine avait déjà son dieu Diego (Maradona), l'Uruguay voisin s'est trouvé le sien : Diego Forlan a marqué vendredi le but égalisateur en quart de finale du Mondial-2010 contre le Ghana (1-1 a.p ; 4-2 t.a.b.) qui aura mis la Celeste sur la voie de la demi-finale. Et en leader, sifflé par la majeure partie du stade de Soccer City acquise à la cause des Ghanéens, il aura réussi le premier tir au but pour son équipe, d'une frappe ouverte du plat du pied, tranquillement. « Je me suis demandé si j'allais piquer mon ballon, mais non j'ai tiré normalement, a-t-il commenté. Il fallait que je marque, je n'ai pensé qu'à ça ». Quarante ans que l'Uruguay attendait cela, depuis la défaite (3-1) contre le Brésil de Pelé en 1970 ! Et « Don Diego » est arrivé, en inscrivant un doublé contre l'Afrique du Sud en phase de groupes (3-0) puis surtout ce coup franc croisé depuis le côté gauche (55'), laissant le gardien Kingson impuissant et effaçant l'ouverture du score ghanéenne de Muntari juste avant la pause (45'+2). Son 27e but pour sa 67e sélection, deux chiffres dont il se rappellera. Dans ce quart de finale, le no 10 des Charruas aura tout tenté. Sa marque de fabrique ? Le tir lointain, violent, à la trajectoire retombante, comme ce coup de foudre assené aux Bafana Bafana lors de la phase de poules, bien aidé sans doute par le ballon Jabulani. Au milieu comme devant, il fut à l'origine de toutes les actions dangereuses de son équipe. Que ce soit dans le jeu, avec ses frappes lointaines (25'), ou des services pour Suarez (63'), ou sur des coups de pied arrêtés, de coups francs (23', 74', 78') en corners, comme lorsque le ballon retombe sur la poitrine de Mensah qui manque de tromper son gardien (18'). Capitaine Et à force de persévérer, cela devait finir par rentrer pour celui qui devait être élu homme du match. « Un joueur extraordinaire », saluait Milovan Rajevac, sélectionneur du Ghana. Forlan, c'est lui qui avait récupéré le brassard de capitaine à la sortie de Lugano, touché dans un contact (38'). La magie de « Cachavacha », un nom de sorcière dont il avait hérité au club argentin d'Independiente (1998-2002), opère encore, lui qui enchante l'Atletico Madrid depuis trois saisons, avec en apothéose le trophée de l'Europa League décroché en 2010 (doublé en finale). Oubliées les années galère à Manchester United qui lui avaient valu le sobriquet de « Forlorn » (sans espoir) !