Dimanche soir, Turbo music avait bien du mal à démarrer à la salle Atlas à Alger. Après une heure de retard inexpliqué, la soirée de clôture de la Star'Ac de la radio Chaîne III a commencé avec une incertaine chorégraphie et la reprise, devenue lassante, de Dzaïr hiya houbi. Amina Aïssi, présentatrice, est montée sur scène pour présenter les catégories en compétition. Il s'agit des meilleures voix féminines et masculines, meilleur auteur, compositeur et interprète, du meilleur jeune groupe espoir et prix spécial du jury. Un jury dirigé par Khelil Guechoud a décidé, après un spectacle de plus de trois heures, de primer des lauréats parmi les 45 candidats. « Le but de la radio est toujours à la recherche de ses auditeurs et de ses talents. Les radio-crochets sont aussi vieux que la radio elle-même. Il fallait que la télévision s'approprie les Stars Academies et autres pour que l'on se rende compte que la radio fait cela depuis longtemps », nous a expliqué Malya Beihdji, directrice de la programmation à la radio Chaîne III. Elle a indiqué que Turbo music est un concours national et que le premier a été organisé en 1997. « Pendant quatre mois, l'équipe de Turbo music a sillonné le pays pour chercher les jeunes talents. Il fallait taper aux portes, car beaucoup de jeunes ont cette timidité de venir au casting. Et le résultat est là », a-t-elle ajouté. D'après Habib Tata, membre de l'équipe de Turbo music, composée également de Amina Aïssi et de Mohamed Brakni, quinze wilayas ont été visitées pour le casting. « On est enfin sortis d'Alger. La prochaine fois, on fera tout le pays. J'ai constaté qu'Alger est déjà dépassé. Nous avons eu beaucoup d'agréables surprises à Laghouat, Annaba, Béjaïa, Oran. Des jeunes savent chanter et ont de belles voix », a-t-il estimé. Des jeunes ont été malheureusement desservis par une sono catastrophique lors de leur prestation devant une salle archicomble (impardonnable pour un spectacle organisé par la radio), la tenue de scène était approximative et la lumière superficielle n'était d'aucun secours pour éloigner l'idée de l'improvisation omniprésente. Le spectacle a traîné en longueur, au point que les résultats ont été proclamés vers 1 h du matin devant un petit groupe de présents. En dépit de cela, les candidats, dont la plupart montaient pour la première fois de leur vie sur scène, ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Certains pouvaient faire mieux. Le talent et la volonté ont été exprimés par des voix prometteuses et un chant à parfaire. La jeune Yasmine d'Alger qui a repris une chanson difficile de la new-yorkaise Alicia Keys et Anis Chekireb de Constantine qui a émerveillé le public en reprenant Give me a reason de Tracy Chapman se sont détachés du lot. Ils ont été sacrés meilleure voix féminine et meilleure voix masculine. Amina Aïssi disait : « Meilleure voix nationale. » Mais Turbo music ne semble s'intéresser qu'à la musique occidentale. Aucun candidat n'a interprété des chants algériens, arabes, africains ou autres. Zakaria de Sétif qui a une voix proche de celle de James Blunt et Nawal de Laghouat qui a attendu longtemps avant le lancement de l'instrumental de Immortel de Lara Fabian n'ont pas été décevants. Aïssa Moulay, qui a composé La symphonie du Djurdjura a été récompensé par le prix du jury. La composition rend hommage à Idir et Slimane Azem. Les présents ont écouté la bande sonore sur fond d'images de la célèbre montagne kabyle. Il aurait fallu, peut-être, qu'un orchestre symphonique interprète sur scène cette composition. Cela aurait été plus sérieux. Anis Cherkireb a eu un autre prix avec Illusion de Constantine, reconnu meilleur groupe. Illusion, qui s'est produit lors du Dimajazz de Constantine et qui a été relancé en 2009, est composé de Karim Bezaz, Adem Aïssaoui, Kikim Mechaar et Mehdi Mehennaoui. Sur scène, le groupe a interprété à la perfection une chanson de Lenny Kravitz, le maître du rock psychédélique. Il fallait le faire ! Dans la catégorie auteur, compositeur et interprète, la distinction est revenue à Algorithme, un groupe de Jijel qui a fait découvrir, au présent, une chanson inédite, Fatma blues. Ahmed, un imitateur de Laghouat, a été fortement applaudi après avoir repris la plupart des voix qui ont été interprétées, entre autres : We're the world de USA For Africa, le megatube écrit par Michaël Jackson et Lionel Richie, sorti en 1985 pour lutter contre la faim dans le continent noir. Nadir Ghrib de Annaba, Yousra de Sétif et Hayat Zerouk d'Alger ont également montré de grandes capacités artistiques. Des capacités à canaliser pour retrouver le chemin de la gloire. La radio offrira aux lauréats, selon Malya Beihidji, dix heures d'enregistrement dans un studio professionnel. L'Office national de la culture et de l'information (ONCI) permettra aux gagnants de monter sur scène en les ajoutant à son programme estival, qui s'achève après le Ramadhan. Malgré toutes les imperfections, Turbo music a au moins le mérite d'exister. Les responsables des autres chaînes de la Radio nationale devraient peut-être faire montre d'imagination pour lancer des concours du même genre dans d'autres formes artistiques. La radio est également un acteur culturel national.