Le ministère français des Affaires étrangères a rejeté, hier, l'idée d'une diplomatie en crise, même si le contexte budgétaire « est très difficile », après un appel d'ex-ministres à stopper son affaiblissement et la dénonciation de son état sinistré par un ex-ambassadeur. « Cette maison, ceux qui y travaillent, sont fiers de leur métier et continuent à être, en dépit des difficultés, totalement mobilisés », a assuré au cours d'un point de presse le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, à la question de savoir si cette institution était en crise. L'adaptation du ministère aux nouveaux défis et acteurs sur la scène internationale se « fait dans un contexte budgétaire contraint, très difficile ». « Il l'est pour le Quai d'Orsay comme pour d'autres ministères (...) et on est dans cet effort permanent de recherche d'économies », a-t-il ajouté. A propos d'une tribune publiée hier par le journal le Monde, des ex-chefs de la diplomatie, Alain Juppé (droite) et Hubert Védrine (socialiste), appelant à l'arrêt d'un « affaiblissement sans précédent (des) réseaux diplomatiques et culturels » de la France, le porte-parole a répondu : « Cela fait partie du débat, il y a les pour et les contre, c'est tout le charme de notre démocratie. » Selon Alain Juppé (au Quai d'Orsay de 1993 à 1995) et Hubert Védrine (1997-2002), « l'instrument est sur le point d'être cassé, cela se voit dans le monde entier » et « tous nos partenaires s'en rendent compte ». Le ministère a été amputé en 25 ans de plus de 20% de ses moyens financiers et de son personnel, et « aucune administration n'a été réduite dans ces proportions », observent-ils. Dirigé depuis 2007 par l'ex-socialiste Bernard Kouchner, le Quai d'Orsay est par ailleurs la cible depuis trois jours de vives critiques de l'ex-ambassadeur de France au Sénégal, Jean-Christophe Rufin. Rarissimes pour un diplomate venant de quitter ses fonctions, ses propos dans plusieurs médias ont visé tour à tour un ministère « complètement marginalisé » et un ministre, « obligé d'avaliser beaucoup de décisions (...) à contrecœur », imposées par la présidence française, et qui devrait « savoir partir ». Le Quai d'Orsay est aujourd'hui un « ministère sinistré », réorganisé « à la manière d'une organisation non gouvernementale », où « les diplomates sont dans le désarroi le plus total car ils ne se sentent pas défendus », précise Jean-Christophe Rufin dans un entretien publié, hier, dans le Monde.