Cette année encore, sur 212 555 admis, les taux de réussite des filles ont été de 64,73% et de 35,27% pour les garçons. Depuis quelques années, les filles réalisent des taux de réussite au baccalauréat plus élevés que ceux des garçons. L'écart entre les performances des filles et des garçons a été constaté également au niveau des résultats des autres examens, en l'occurrence le BEM et l'examen de passage de la cinquième (ex-sixième). Cette année encore, sur 212 555 admis, le taux de réussite des filles a été de 64,73% et 35,27% pour les garçons. Les capacités intellectuelles des filles dépasseraient-elles celles des garçons ? Du point de vue biologique, la réponse est infirmée. « Les filles et les garçons ont les mêmes gènes et les mêmes capacités intellectuelles bien que sur le plan physique, les garçons sont un peu plus forts », a affirmé Abderrahmane Didi, psychothérapeute. De l'avis de certains spécialistes des sciences sociales, cet état de fait peut être expliqué par de nombreux facteurs relevant de la nature de la société algérienne elle-même. « Organiquement, psychologiquement et sociologiquement, les garçons sont plus stressés que les filles », atteste M. Didi. Selon ce spécialiste, le rôle des parents dans l'orientation et le suivi de leurs enfants est déterminant. Ce taux de réussite inégalé est dû essentiellement au traitement distinctif réservé par les parents aux filles et aux garçons. « Le garçon est plus stressé que la fille car à partir de 14/15 ans, il est dans la rue. Il est exposé à tous les phénomènes qui peuvent porter préjudice à son état psychique », a-t-il noté, précisant que sur le plan organique, l'adolescent qui se retrouve dans la rue « fait travailler ses neurones de manière négative ». « Le tabac et autres drogues sont deux facteurs qui agissent sur les neurones de manière nuisible. Et ces derniers ne se reproduisent pas », a averti ce spécialiste. « A ces deux facteurs majeurs s'ajoute le manque de sommeil. Certains garçons rentrent tard à la maison et ils passent le reste de leur temps devant la télévision. Dans certains cas, ces garçons regardent les films interdits aux moins de 18 ans sans être surveillés par leurs parents », dénonce le psychothérapeute. L'insomnie et ce genre de films agressent le psychique de ces personnes vulnérables. L'impact de cette agression sur les capacités intellectuelles de manière générale et sur les résultats scolaires en particulier est négatif. En revanche, selon ses dires, vu les traditions, les parents surveillent beaucoup plus la fille que le garçon, que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur du foyer familial. « Malgré la mondialisation, nous sommes un peuple qui garde ces us et coutumes. La fille est protégée même à l'intérieur de la maison. Dans la plupart des cas, elle ne sort pas à partir de 17h. Donc son stress est canalisé par les quelques tâches ménagères qu'elle assure. Ces activités stimulent positivement les neurones. C'est à la fois un travail physique et thérapeutique pour elle », a-t-il développé. A ce titre, le stress et l'angoisse qui sont deux facteurs contribuant à l'échec scolaire sont plus élevés chez les garçons que les filles. Outre les conditions de vie et l'éducation des parents, notre société fait de la fille une battante. « On est craintif par rapport à l'avenir de la fille plus que celui du garçon. Que ce soit en milieu urbain ou rural, les garçons ont plus de liberté que les filles. A titre d'exemple, la fille ne peut pas aller toute seule à la plage », a-t-il souligné. Et de commenter : « C'est une ségrégation du sexe. Notre société est phallique et la fille est toujours sous surveillance. Cela lui a donné une force intérieure pour compenser ce manque », a-t-il relevé, en allant jusqu'à dire que c'est une sorte de vengeance séculaire qui fait que les filles veulent à tout prix s'imposer et changer leurs conditions sociales.