Les Pays-Bas se sont qualifiés pour leur troisième finale de Coupe du monde de leur histoire, après celles de 1974 et 1978 perdues, en surpassant mécaniquement, sans panache, l'Uruguay (3-2), dans une demi-finale pauvre en spectacle, en dehors des buts, mardi au Cap. La Celeste, qui était parvenue en demi-finale après 40 ans d'attente, ne peut plus rêver de marcher sur les pas de ses glorieux aînés, champions du monde en 1930 et 1950. Le miracle s'arrête là. Les « Oranje », eux, rencontreront le 11 juillet, dans le Soccer city de Johannesburg, le vainqueur de Espagne-Allemagne. Si les Néerlandais retrouvent l'Allemagne, alors ce sera pour eux la grande revanche de la finale perdue en 1974 contre la Mannschaft. Ils devront en tout cas réaliser un meilleur début de match, car l'opposition promet d'être d'un autre calibre que cet Uruguay diminué par les blessures et les suspensions. Ils devront aussi rester concentrés jusqu'au bout pour éviter de prendre un but dans les arrêts de jeu comme contre l'Uruguay. Le tournant du match ? C'est quand, à 1-1, Bert Van Marwijk fit entrer au retour des vestiaires, en seconde période, Van der Vaart à la place de De Zeeuw. Le « Big Four » tant attendu était enfin formé avec Van der Vaart-Sneijder-Robben-Van Persie, devenant même un « Big Five » puisque Kuyt était resté sur le terrain ! Cette abondance de biens en attaque pesa logiquement sur les trop frêles épaules sud-américaines. Sneijder, d'un coup de patte à ras-terre sonna la fin de la belle aventure urugayenne (2-1, 70e). Avec cette 5e réalisation dans ce Mondial, Sneijder rejoint Villa en tête du classement des buteurs dans ce tournoi. Echauffourée en fin de match Robben asséna ensuite le coup de massue d'une tête sur un centre de Kuyt (3-1, 73e). Mais Maxi Pereira profita des relâchements néerlandais pour réduire le score (3-2, 90'+2). Il redonna espoir aux siens qui réclamèrent une main en fin de match et vécurent très mal leur élimination. Un début d'échauffourée, sans suite, eut même lieu au coup de sifflet final. Auparavant, dans une première période bien morne, c'est une frappe limpide de 37 m du capitaine Van Bronckhorst qui avait permis aux Oranje d'ouvrir le score (1-0, 18e). Agé de 35 ans, ce buteur inattendu rendra son brassard et le reste à la fin du Mondial pour devenir entraîneur adjoint des Espoirs Oranje : ce joli coup lui fera un beau souvenir. Mais les Néerlandais, accumulant déchets et ratés, n'ont pu faire fructifier cet avantage. Et la réponse de la Celeste vint de Forlan, évidemment, porteur du brassard, également en raison de l'absence du défenseur central Lugano, convalescent, sur le banc. « Don Diego » fit parler sa ruse, embarquant d'un crochet la défense néerlandaise sur une fausse piste avant d'enclencher un tir de 20 m qui se logea sous la barre, après avoir été effleurée par Stekelenburg (1-1, 41e). C'était son quatrième et dernier but dans ce Mondial. Le pauvre jeu développé par la Celeste était malheureusement prévisible en raison des blessures et suspensions (dont celle de Suarez après sa main). Forlan, obligé de jouer avec Cavani dans un 4-4-2 fortement remanié, a longtemps paru perdu. Sa vista et son talent n'ont pas sufffi. Les Oranje, eux, furent très décevants en première période. Cela s'explique sans doute par la crispation des joueurs, visible sur les visages tendus avant l'entrée sur le terrain. Mais il faudra attaquer la finale avec un autre mental, que ce soit contre l'Espagne, championne d'Europe en titre, ou l'Allemagne, si impressionnante contre l'Argentine en quarts de finale.