La Chine était samedi de plus en plus isolée par la crise du nouveau coronavirus, les Etats-Unis et l'Australie sonnant la charge contre les voyageurs en provenance de ce pays, où l'épidémie a passé le cap des 250 morts. Le Royaume-Uni, la Russie et la Suède ont fait état de leurs premiers cas de contamination, le virus touchant désormais plus d'une vingtaine de pays. L'Afrique et l'Amérique du Sud semblent encore à l'abri de l'épidémie qui a tué 259 personnes en Chine, après un nouveau record de 46 décès enregistrés en l'espace de 24 heures. Le nombre de personnes contaminées en Chine a également augmenté, atteignant 11 791, soit plus de 2100 nouveaux cas pour la journée de vendredi, a annoncé samedi la Commission nationale de la santé. Washington a annoncé des mesures exceptionnelles pour fermer ses frontières ou imposer une quarantaine aux voyageurs revenant de Chine et notamment du berceau de l'épidémie – la ville de Wuhan (centre) et sa province du Hubei – selon qu'ils sont Américains ou non. A partir de dimanche à 22h GMT, les autorités interdiront l'entrée sur leur territoire aux non-Américains s'étant rendus en Chine dans les 14 derniers jours, a décrété le ministre de la Santé, Alex Azar. Pour les ressortissants américains, une quarantaine allant jusqu'à 14 jours sera imposée à ceux qui se sont rendus dans le Hubei dans les deux semaines précédentes. Bien que l'épidémie soit «une urgence de santé publique de portée internationale», l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a averti que les restrictions à la circulation des personnes et des biens pendant une urgence de santé publique pourraient s'avérer «inefficaces», perturber la distribution de l'aide et plomber l'économie des pays touchés. Pékin mécontent des mesures prises «Il n'est pas nécessaire de paniquer inutilement, ni de prendre des mesures excessives», a estimé l'ambassadeur de Chine à Genève, Xu Chen, déclarant que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) faisait «pleinement confiance à la Chine». «J'espère qu'une attitude calme, rationnelle, scientifique et objective pourra prévaloir face au développement de cette épidémie», a-t-il dit. L'épidémie semble être partie en décembre d'un marché de Wuhan, métropole placée de facto en quarantaine depuis le 23 janvier. Wuhan et sa région, soit quelque 56 millions d'habitants, sont coupés du monde en raison d'un cordon sanitaire entourant la zone. L'essentiel des cas de contagion directe entre humains a été observé en Chine. D'autres ont été rapportés au Vietnam, en Allemagne, au Japon, aux Etats-Unis et en France. Les hôpitaux de la ville, qui rassemble la très grande majorité des cas annoncés dans le pays, sont débordés. Un premier hôpital de mille lits, construit en quelques jours, doit accueillir ses premiers patients lundi. Ailleurs en Chine, la peur du virus s'est emparée des habitants qui préfèrent rester chez eux et ne sortent le plus souvent que le visage recouvert d'un masque. Le géant américain de l'informatique Apple a annoncé samedi fermer tous ses magasins en Chine continentale jusqu'au 9 février, en vertu du principe de précaution et «sur la base des derniers conseils des principaux experts de santé». Néanmoins, l'OMS s'est dit «préoccupée» quant à la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles, en l'occurrence les pays d'Afrique.