Le producteur et réalisateur, Morano Bruno Youcef, donne un aperçu sur sa maison de production Delta FKY qui existe depuis trois ans. Il ne manque pas de relever que le problème de la contrefaçon gangrène le secteur musical. Vous êtes à la tête d'une société de production et d'édition qui porte à la fois plusieurs casquettes, puisque vous ciblez non seulement la musique, mais également la littérature et la peinture... Après avoir passé quelques années à l'étranger, je suis rentré au pays en 2007, où je possède la société de production et d'édition Delta Fky. C'est un mouvement artistique à part entière, novateur qui redonne aux artistes algériens tout l'espace de parole qui leur est dû. C'est un mouvement artistique qui s'exprime à la fois sous la forme du rock, de musique du Sud, de peinture et de littérature. Delta, c'est un peu comme en architecture, on commence à travailler les plans avant de construire la bâtisse. Il faut qu'il y ait l'esprit du cœur pour faire bouger les mains. Vous êtes à la fois ingénieur du son, arrangeur, compositeur, musicien et artiste peintre. Comment arrivez-vous à concilier toutes ces passions à la fois ? Il m'arrive très souvent d'avoir des journées complètes. Si on parle d'Attar, c'est vrai qu'il y a cette dimension d'auteur-compositeur, de musicien et d'artiste peintre. J'ai eu la chance de voyager énormément au Maghreb et au Moyen-Orient. Delta a produit seulement trois albums en trois ans... Nous sommes des professionnels qui prenons notre temps dans le travail. Quand Sting fait un album, il lui faut un an. C'est vrai que nous travaillons sur le même format. Nous avons essayé d'œuvrer en artisans. Nous avons, certes, livré trois albums en trois ans, dont les CD de Abdelkader Chaou, Khaled Louma et une compilation des extraits de sept artistes intitulée L'Algérie a du talent. Mais auparavant, il a fallu travailler, trouver ses marques et tomber sur des artistes qui correspondent à l'état d'esprit avec lequel nous travaillons. Les albums sont en production, dont Zindeh, Attar, Khaled Louma en solo. On se réserve aussi une surprise, celle de produire une artiste de l'Est qui a beaucoup de talent et de charme artistique. Il s'agit d'une femme dotée d'une voix extraordinaire. Son album regroupera une palette de musiques différentes. Vos produits seront-ils distribués prochainement dans le monde entier ? Je vous annonce officiellement que nos produits seront distribués dans le monde entier. Les contrats sont en cours de signature. C'est un partenaire qui distribue dans le monde entier, sous la forme d'un magasin et sous forme de téléchargement. Par ailleurs, je tiens à signaler que la maison de disque CADIC s'occupe de la distribution sur le territoire national. Avez-vous été confronté au fléau de la contrefaçon ? Bien évidemment, mais à bien voir les choses, nous n'y pouvons rien. A titre d'exemple, il y a un site en France tenu par des Algériens qui se permet de diffuser tous nos albums. Ce ne sont pas des versions originales que les pirates ont enregistrées, mais des maquettes qui appartiennent à la société Delta. Il m'est arrivé, également, de demander tel ou tel album chez un bon disquaire, on les mettait à ma disposition, mais le hic, c'étaient des albums piratés à outrance. Le problème, si on veut s'attaquer au piratage en Algérie, il faudra trois escadrons (rires). Il est à noter que tous nos produits ont été déclarés au niveau de l'ONDA. Quels sont vos projets à court et long termes ? Nous avons le projet de réaliser un livre artistique, mélangeant à la fois la peinture et la poésie. Le livre s'intitulera Attar. Le deuxième livre est beaucoup plus philosophique. C'est un script qui est né à l'époque des pyramides et qui a traversé toutes les époques. C'est un personnage qui meurt et renaît à l'époque andalouse. Il va rencontrer sur son chemin tous les textes, notamment le Coran, la bible et la torah. C'est un livre algérien qui sortira en co-édition française et berbère.