Le routard de la musique rock algérienne, Khaled Louma reprend du service en ressuscitant le groupe mythique T34, après quinze ans d'absence. L'effectif est certes réduit, mais la flamme est toujours là et la formation reprend du service pour donner du bon son, “made in Algeria”, aux inconditionnels du groupe et mélomanes. Ce retour peut révéler le groupe aux jeunes qui ne connaissent de T34 que Khaled Louma, producteur et animateur à la Radio algérienne (Chaîne III). Et là encore, ce n'est pas évident. Pour remédier à tout cela, Khaled Louma, armé de sa voix et son acolyte, le guitariste Mourad Rahali, sortent chez Delta DFK leur nouvel album, Machi N'hari, le second en 25 ans de carrière. Cet opus composé de sept titres est un véritable petit bijou, avec des titres chantés en arabe et en anglais, une voix mûre qui frise les limites, entre la justesse et la fausseté. Et puis des arrangements -signés Bruno Morano (également producteur de l'album)- qui n'agressent aucunement l'oreille de l'auditeur, avec des instruments bien de chez nous à l'instar de la derbouka, mêlé avec brio et grande habileté aux sonorités rock. Au cours d'une rencontre-dédicace du dernier album des T34 à la galerie Noun, le public n'a pas manqué ce rendez-vous. En effet, ils étaient nombreux à faire le déplacement pour acquérir la nouveauté du groupe emblématique des années 1980, dont la démarche artistique et militante a épousé la cause de toute une génération. Car les T34 chantaient pour une jeunesse en ébullition, dont l'explosion allait se concrétiser un certain 5 octobre 1988, et laisser des traces, aujourd'hui encore. Les T34 ont connu un franc succès donc, ce qui leur valu le surnom des Pink Floyd algériens. Leur décennie de silence n'aura été qu'un bref moment d'égarement, et de recherche puisque le nouvel album An Algerian Dream est encore plus fort, plus percutant, mais un tantinet désenchanté, représentant ainsi le désenchantement de toute une génération. Sans doute. Outre cette sortie “fracassante”, la société de production française implantée en Algérie, Delta DFK, en quête de talents algériens, a produit un autre excellent album intitulé L'Algérie a du talent. Cette compilation de onze titres donne un aperçu sur la création en Algérie, par les jeunes et les moins jeunes. On découvre sans grand étonnement des artistes prometteurs comme le jeune Attar et Dosne Brahim ; et on redécouvre des valeurs sûres de la musique algérienne, à l'exemple d'Abdelkader Chaou et les T34. L'Algérie a du talent et elle le montre. Et quel bonheur !