Mohamed Nadir Hamimid, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, a piqué une colère jeudi dernier en apprenant les retards énormes accusés dans le lancement du programme quinquennal 2005-2009. La réunion d'évaluation, tenue au siège du ministère à Alger, a pris une tournure « inespérée » pour les responsables du secteur dans les wilayas du Centre. Convoqués pour faire le point sur l'état d'avancement du processus de lancement de cet ambitieux programme d'un million de logements, toutes formules confondues, les directeurs généraux des OPGI, DLEP et DUCH du centre du pays ont passé une épreuve difficile face à la rigueur du ministre qui n'a cessé de rappeler, à chaque fois, ses recommandations et ses instructions. En guise d'explication des retards, certains d'entre eux ont soulevé une multitude de problèmes et des lenteurs administratives auxquels ils sont confrontés. Notant avec satisfaction la mise en application du programme de 20 000 logements sociaux participatifs (LSP) et de 10 000 logements sociaux locatifs (LSL) destiné pour Alger, le ministre a manifesté, en revanche, son mécontentement quant au rythme suivi dans les autres régions du Centre. « Je refuse un lancement partiel de l'opération. Je veux que tout soit lancé massivement et simultanément. Les listings des bénéficiaires doivent obligatoirement être ficelés avant le lancement effectif du programme », a-t-il précisé. Il a rappelé, à l'occasion, son instruction de l'an dernier adressée aux responsables du secteur au niveau de la wilaya, dans laquelle il leur avait ordonné de faire le nécessaire pour pallier les retards techniques accusés. Retards qui bloquent l'entame des travaux de construction. « Je sortirai sur le terrain et vous aurez à m'expliquer tous ces retards », a-t-il lâché à l'adresse du directeur général de l'OPGI de Médéa, lequel piétine pour lancer la totalité du programme dégagé pour cette wilaya rurale. Le lancement effectif des travaux de réalisation étant prévu pour le mois d'avril, M. Hamimid a peur que tout ne soit pas prêt à cette date. Il a ainsi bousculé les responsables de wilaya en les mettant en garde quant à d'autres retards qui seront intolérables. Selon lui, il est plus qu'urgent de remédier aux problèmes « techniques, financiers et administratifs » qui entravent le cours normal de l'opération. Le ministre a recommandé ainsi « la finalisation des actes de transfert des propriétés, l'élaboration des cahiers des charges et la publication des appels d'offres ouverts immédiatement ». « Il faut faire le maximum de publicité pour faire aboutir les appels d'offres », a-t-il ajouté, tout en suggérant des appels d'offres à manifestation d'intérêt afin de pallier le déficit en entreprises de construction signalé dans certaines wilayas. Le directeur de l'OPGI d'Alger a soulevé le problème du coût surélevé du foncier pour le logement participatif. « Le prix du foncier représentera 20% du prix du logement », a indiqué le directeur de l'OPGI de Hussein Dey. « Pas question. Vous devez trouver une solution. C'est exorbitant », a répondu le ministre, rappelant que « le logement dont le prix dépasse deux millions de dinars n'est plus un logement social ». Et d'enchaîner : « Il faut faire baisser les prix de l'immobilier à Alger, car il y a trop de spéculateurs. » Mettant en exergue l'importance du programme, suivi personnellement par le chef du gouvernement, M. Hamimid a invité les responsables de wilaya à multiplier le nombre d'intervenants et à associer le maximum de promoteurs, qu'ils soient publics ou privés, pour « accélérer la cadence ». Le ministre a aussi exhorté les cadres du secteur à renforcer les brigades de contrôle et de suivi afin de contrer toute éventuelle tromperie. « Je veux un suivi strict et des rapports bimensuels détaillés de toutes les opérations », a-t-il exigé. Le chef du gouvernement a demandé que ces rapports lui soient régulièrement transmis. Dans le programme quinquennal, il y a 275 000 habitations rurales, 275 000 LSP, 120 000 LSL et 80 000 logements en location vente. Abordant le logement rural, le ministre a mis l'accent sur la nécessité de mettre à contribution les bénéficiaires. « L'argent alloué par l'Etat ne suffira pas pour construire des habitations rurales groupées, finies et dotées de toutes les commodités nécessaires. Je ne veux pas de logement évolutif. Tâchez de trouver des mécanismes à même que les futurs propriétaires contribuent à la réalisation de leurs habitations », a-t-il souligné. Même les constructions éparses doivent, précisera-t-il, être suivies techniquement. « Allez vers d'autres encadreurs et accélérez la cadence. Je veux qu'on soit dans les délais », a-t-il clamé. M. Hamimid exige que le produit soit doté de toutes les commodités avant sa livraison. Pour rappel, l'Etat s'est engagé à livrer 200 000 logements par an.