L'examen biennal de la déclaration de Malabo a été l'objet d'un atelier tenu récemment à Johannesburg, en Afrique du Sud. Plusieurs professionnels de médias ont débattu de l'état d'avancement du programme agricole contenu dans les différents engagements de la déclaration de Malabo. Cette dernière, faut-il le rappeler, adoptée en 2014, a porté sur la transformation de l'agriculture africaine pour la période 2015-2025 et un cadre de programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA) a été arrêté. Beaucoup plus, le mérite est à mettre sur le compte du département de l'économie rurale et de l'agriculture de la commission de l'Union africaine qui a fait un travail colossal, faut-il le reconnaître. Très actif, il a mis en place un programme interactif pour consulter, mesurer et évaluer l'état des lieux du programme contenu dans la déclaration de Malabo, en termes d'engagements, de catégories et d'indices permettant d'avoir une lecture réelle et réaliste des résultats obtenus. Croissance et transformation de l'agriculture Force est de rappeler que le PDDAA sert de moyen pour contribuer à la réalisation des objectifs du plan décennal de mise en œuvre de l'Agenda 2063. Ainsi des engagements ont été annoncés lors de la déclaration de Malabo, comme éradiquer la faim d'ici 2025, la réduction de moitié de la pauvreté grâce à l'agriculture, stimuler le commerce intra-africain des produits de base et des services agricoles et renforcer la résilience à la variabilité climatique. En somme, il s'agit d'assurer la sécurité et l'indépendance alimentaires. Ces objectifs constituent un mécanisme important en vue de réaliser la croissance et la transformation de l'agriculture pour améliorer essentiellement les conditions de vie et la prospérité partagée des citoyens africains. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Les résultats du rapport d'examen biennal indiquent que le continent dans son ensemble n'est pas en bonne voie de réaliser les objectifs et les cibles de la déclaration de Malabo d'ici 2025, bien que des progrès positifs soient réalisés. En effet, seuls quelques Etats membres sont sur la bonne voie, même si, globalement, des progrès ont été réalisés, leur rythme est beaucoup plus lent que nécessaire. Malheureusement, ce n'est pas tous les Etats membres qui ont achevé ce processus. Cela a beaucoup contribué à ce que le continent ne soit pas sur la bonne voie dans le respect des engagements. Il est urgent d'agir à ce sujet. Résilience Climatique Les raisons de ces défaillances, selon le professeur Ayalneh Bogale de la Commission africaine, est le fait que la transformation agricole est inextricablement liée au développement de l'Afrique; donc essentielle à la réalisation de ses aspirations de croissance, d'élimination de la faim et de réduction de la pauvreté. Il ajoute : «Bien que le nombre de malnutris ait baissé pour atteindre moins de 800 millions en 2016, l'Afrique est le seul continent où le nombre de malnutris a augmenté par rapport à 1990. Les effets combinés des changements climatiques, des forces économiques et des conditions sociopolitiques ont augmenté la fréquence et la gravité de l'exposition aux risques parmi les populations vulnérables.» Toutefois, selon les chiffres, la transformation de l'agriculture constitue 42% du produit intérieur brut pour la majorité des pays africains et qui nécessite 70% de main-d'œuvre. Par ailleurs, l'expert constate que «les pays qui ont investi dans le renforcement de la résilience ont prouvé l'importance de renforcer les capacités pour garantir que les facteurs de stress et les chocs négatifs n'aient pas de conséquences négatives durables sur le développement». L'importance de la sensibilisation à la sécurité sanitaire des aliments et l'indice de sécurité alimentaire en Afrique ont été les autres thèmes développés par les experts de l'Union africaine. L'Algérie défaillante En ce qui concerne notre région qui comprend l'Algérie, l'Egypte, la Libye, la Mauritanie, le Maroc, la République arabe sahraouie et la Tunisie, elle relève en partie de l'Union du Maghreb arabe (UMA) en tant que communauté économique régionale (CER). A présent, seuls trois pays ont communiqué des données sur les progrès réalisés : la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Curieusement, l'Algérie n'a même pas daigné transmettre les données ; une attitude énigmatique et incohérente eu égard au discours flatteur véhiculé depuis des décennies à l'endroit de l'Afrique. En fait, il y avait plus de folklore et de spectacle diplomatiques que d'actions concrètes et tangibles et le fameux mécanisme africain d'évaluation par les pairs s'est avéré inopérant et inefficace. Il est grand temps pour le nouveau chef de la diplomatie algérienne de rattraper le retard, rétablir le préjudice moral et politique, réapproprier notre espace naturel en Afrique et surtout manifester un engagement de solidarité et de coopération ferme et sérieux en direction du continent. Notre pays a brillé par une présence irrégulière, instable et peu courtoise en direction de l'Afrique. Le discours du président Abdelmajid Tebboune au 33e sommet de l'Union africaine pour un retour en force en Afrique ne doit pas non plus rester des vains mots. Le continent africain est le prolongement naturel et historique de l'Algérie et malgré les vicissitudes et turbulences, notre pays doit renouer ses contacts et renforcer sa coopération, notamment économique et commerciale et qui demeure le maillon faible de notre politique africaine.