Pression fiscale intenable, circuit de commercialisation sous l'emprise presque totale de l'informel et dépendance accrue du marché extérieur en matière d'approvisionnement. En Algérie, la filière avicole bat de l'aile. C'est en résumé le tableau peu clinquant dressé par Bouzid Boukersi, président de l'Office national des aliments du bétail (ONAB), un groupe opérant sous la coupe de la SGP production animale. Additionnés, ces ingrédients ne manquent pas de reserrer l'étau autour des producteurs. « La filière est fragilisée », a déploré M. Boukersi lors de son passage sur les ondes la Radio nationale. Plusieurs facteurs concourent à maintenir la crise en permanence. En 2008, la loi de finances complémentaire avait introduit un article instituant, pour une durée d'une année, une exonération fiscale sur l'aliment du bétail importé. « Cette mesure, en réalité, n'a pas profité aux éleveurs de volaille directement, mais plutôt aux importateurs », avoue le président de l'ONAB. Asphyxiés, bon nombre d'éleveurs ont cessé leur activité alors que d'autres ont versé dans le marché informel. « C'est la pression fiscale qui fait fuir les petits éleveurs qui constituent l'essentiel de la filière », a-t-il souligné, sans pour autant donner de précisions sur l'ampleur du phénomène. Selon lui, la multiplication des abattages clandestins est un signe inquiétant quant à la santé du consommateur. Entre 60 et 70% des poulets passent par le marché parallèle, à en croire les chiffres de l'Association de nationale de la filière avicole (ANFA). Autre contrainte : la volatilité des cours des matières premières (maïs, blé et soja) indispensables à l'alimentation des volailles. Résultat : la filière a été frappée de plein fouet durant trois longues années, entre 2005 et 2008. D'ailleurs, le prix du poulet de chair sur le marché local avait atteint des pics importants. « Cette dépendance est répercutée sur le prix de l'aliment et les coûts de production », explique M. Boukersi. Ce dernier a plaidé la cause des aviculteurs, estimant qu'il est urgent d'alléger le fardeau de la fiscalité pour espérer booster la production avicole. Il a également rappelé la nécessité d'aller vers la professionnalisation de la filière. L'Onab assure une production annuelle de 300 000 tonnes de viande blanche, soit 10% de parts de marché. Le reste étant partagé entre opérateurs privés. Les besoins du marché national sont évalués à 8 millions de tonnes/an. Cet organisme escompte pouvoir produire 600 000 tonnes de viande blanche à l'horizon 2014. L'ONAB compte, par ailleurs, en prévision du mois de Ramadhan, mettre sur le marché national 4200 tonnes de viande blanche congelée. La finalité étant de ramener le prix minimum du kilo à 250 DA. « Mais il sera fixé en fonction des prix des concurrents », précise M. Boukersi. Ce dernier a beaucoup insisté sur le respect des conditions d'hygiène dans les opérations d'abattage, de même que la chaîne du froid (stockage et transport) de la viande blanche. Les capacités de stockage de l'Onab, selon son premier responsable, sont de 5000 tonnes au niveau des abattoirs. L'Algérien consomme 8 kg de viande blanche par an. Dérisoire par rapport aux normes internationales. Aux USA, le ratio dépasse 40 kg par an par habitant, alors qu'il est de 28 kg en France, selon ce responsable.