Après plus de 35 années d'existence dans la filière avicole, le groupe industriel Onab est mis sur le devant de la scène médiatique à la faveur de l'épizootie de grippe aviaire qui fait trembler actuellement le monde. Parce qu'il a pour métier de base, la production et la commercialisation des facteurs de production avicole. Il est évident, donc, qu'il soit interpellé au même titre que les autres intervenants en aval et en amont dans le monde avicole. Il faut noter que le groupe détient 50% du marché de la filière chair et 80% de la filière ponte. Dirigé par Bouzid Boukersi, président- du directoire, l'Onab fait l'objet d'une restructuration menée depuis 1998. Avec un effectif de 11.000 employés, ce groupe industriel représente un potentiel de production important et occupe une position dominante sur le marché des facteurs de production avicole, une filière où ce groupe se présente comme le leader. L'Onab assure la gestion des portefeuilles de trois groupes avicoles régionaux: GAC, GAE, GAO, d'une entreprise de maintenance et de deux entreprises de prémix. Le groupe détient, également, des participations dans une entreprise de transport maritime (Cnan Bulk), une entreprise spécialisée dans le négoce international. Le président du directoire, Bouzid Boukersi, a bien voulu répondre à nos questions pour dissiper certaines zones d'ombre dans la lutte contre cette pathologie ravageuse, la grippe aviaire, la peste du poulet ou influenza aviaire. L'Expression: Votre groupe détient, à lui seul, 80% des capacités de production dans la filière ponte. Ceci vous place aux premières loges de la prévention contre la grippe aviaire. Quelles sont les mesures que vous avez prises face à cette épizootie? Bouzid Boukersi: Nous avons une charte de sécurité qu'on a toujours respectée à la lettre. Il est vrai que, depuis l'apparition de cette maladie, le dispositif de surveillance est rigoureusement renforcé. Pour cela, un comité de veille a été installé au niveau du groupe. Ce comité, élargi à nos filiales du Centre de l'Est et de l'Ouest, est dirigé par un membre du directoire de notre groupe. Ce comité de vigilance et d'alerte est composé aussi d'une centaine de vétérinaires et de techniciens chargés de veiller sur la santé du cheptel. Ces techniciens et spécialistes présents dans chaque centre ont pour tâche de transmettre l'information en temps réel, ils signalent, notamment, toute mortalité anormale. En plus de la mise en place d'un système de canalisation d'information sous forme de Brqs (bulletin de renseignements quotidien spécial) transmis par l'ensemble des structures avicoles au comité de veille pour lui permettre d'avoir une connaissance parfaite et exhaustive. Je dois dire, signaler aussi, que tous nos élevages sont confinés dans des bâtiments isolés pour éviter tout contact avec le monde extérieur, notamment, les oiseaux migrateurs. Nos bâtiments sont normalisés et nous suivons un plan prophylactique rigoureux. La désinfection et le désherbage aux environs de ces bâtiments sont quasi systématiques. Mais la plupart de vos produits sont importés. Quelles mesures prenez-vous avant que le produit ne soit dans vos bâtiments et différentes unités? En effet, la première barrière préventive se situe au niveau des aéroports et des ports. Dans les aéroports, c'est le cheptel vivant, notamment, le poussin reproducteur qui subit un contrôle rigoureux. Avant la réception de ce cheptel,il est inspecté par la DSV (direction des services vétérinaires) qui délivre ainsi un certificat attestant qu'il est sain. Au préalable, une dérogation d'importation est délivrée par les services du ministère de l'Agriculture. Au niveau des ports, ce sont surtout les matières premières pour la fabrication de l'aliment (maïs, soja...) qui sont contrôlées par les services phytosanitaires officiels. On se s'est pas contenté de ces mesures rigoureuses. Il a été décidé de suspendre l'importation de tous les facteurs de production avicole en provenance des pays touchés ou faisant l'objet de suspicion, bien que 99% de nos importations proviennent de France et de Hongrie, deux pays où aucun cas de grippe aviaire n'a été signalé jusqu'à présent. Votre personnel, qui est au front de ces opérations préventives, est-il suffisamment protégé? Evidemment. Nous avons mené une campagne de vaccination contre la grippe humaine pour 4000 personnes qui sont directement en contact avec la volaille. Il y a, également, les mesures d'hygiène corporelle et vestimentaire. A toutes ces actions, il faut ajouter un travail de vulgarisation et de sensibilisation que nous menons auprès de nos travailleurs. Y a-t-il des organismes ou institutions spécifiques avec lesquels vous travaillez? Nous sommes en contact permanent avec la direction des services vétérinaires et avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Nous suivons, par ailleurs, avec une très grande attention, toutes les informations diffusées par les médias nationaux et internationaux sur cette maladie avec une attention particulière pour les pays où cette maladie a été déclarée. Avec une telle batterie de mesures préventives, êtes-vous optimiste? Le risque zéro n'existe pas, il faut être vigilant tout le temps et veiller au respect des barrières sanitaires. C'est ce que nous faisons au niveau de notre groupe et c'est pour cette raison que je suis optimiste. Je rassure, à cette occasion, les Algériens que notre cheptel est sain et les appelle à consommer le poulet. La psychose actuelle est démesurée. L'apparition de cette maladie a eu un impact au plan économique, peut-on en connaître les effets sur votre groupe? Je dois avouer que l'impact a été direct sur notre groupe puisqu'il y a eu une baisse sensible d'activité depuis le mois de septembre. Du fait de la sous-consommation du poulet induite de la psychose démesurée, nous trouvons des problèmes à écouler, notamment, les poussins d'un jour. C'est un produit périssable que nous incinérons s'il n'est pas vendu à temps. Notre activité a toujours été rythmée par des hauts et des bas, mais si la tendance actuelle se poursuit, elle ne sera que préjudiciable à notre groupe astreint à une rentabilité économique. Bien évidemment, nous prendrons les mesures qu'il faut pour éviter un grave impact à notre groupe. Le danger est réel car il y a 150.000 emplois indirects qui sont menacés. Cela dit, la baisse d'activité n'est pas spécifique à l'Algérie. Je vous signale que l'Italie, par exemple, a enregistré une baisse d'activité estimée à 40%, la France à 25%, sans parler des pays où la grippe aviaire a été déclarée.