On craint une disparition de la filière avicole, du fait de la quarantaine imposée aux pays fournisseurs en reproducteurs. Depuis l'apparition du virus H5N1 dans certains pays, il y a eu un recul terrible de la production avicole. La psychose a touché tous les éleveurs dont les 90% de la production sont détenus par le secteur privé. La filière est sinistrée du fait que les éleveurs ont fini par fuir cette activité. C'est ce que nous a affirmé le président du directoire de l'Office national des aliments du bétail (Onab), M.Bouzid Boukersi. Pour les 5 derniers mois, ce groupe a connu un recul dans son chiffre d'affaires de l'ordre de 5 milliards de DA, soit près de 30% du chiffre d'affaires annuel. «La production a baissé de 60%», a-t-il déclaré. Selon lui, près de 80% des éleveurs parmi les 150.000 qui existent sur le territoire national ont arrêté leur activité. La filière est très fragile. Elle dépend du marché extérieur pour l'importation de la matière première (maïs, soja et reproducteurs). «Nous sommes condamnés à importer ces matières», a-t-il dit. Le problème qui se pose avec acuité c'est que les pays traditionnellement fournisseurs de ces facteurs de production que sont la France et la Hongrie sont en quarantaine depuis l'apparition de la grippe aviaire. M.Boukersi a tenu à souligner qu'en l'état actuel des choses, l'Onab peut fournir le marché en reproducteurs, mais cela ne saura excéder quelques mois. «Si ces pays n'ouvrent pas leurs frontières à parti du mois de mai, la filière avicole nationale disparaîtra dès janvier 2007». La baisse des prix du poulet depuis l'apparition du virus H5N1, a aggravé également la situation des aviculteurs. Poulaillers vides, désespoir de ne pouvoir redémarrer un jour, les aviculteurs se portent donc mal. La propagation de la grippe aviaire en Europe et en Afrique a déjà ruiné nombre d'aviculteurs dans notre pays, pourtant épargné par l'épizootie. Il est question de lancer une campagne de sensibilisation visant à rassurer les citoyens que la consommation du poulet ne constitue pas un danger pour la santé. Pour les aviculteurs, la forte baisse de la consommation de la volaille est synonyme d'une grave crise caractérisée par la quasi faillite des éleveurs et par une menace certaine encourue par toute la filière avicole. Tout en adhérant aux mesures prises par les pouvoirs publics pour préserver la santé des populations, l'invité de L'Expression s'inquiète, en revanche, du fait que l'aspect économique n'ait pas été pris en compte. Les pouvoirs publics devraient donc engager des négociations avec toutes les parties concernées : les aviculteurs, les banques, les assurances pour mettre en place des mesures de soutien aux éleveurs. Jusqu'à présent, les pertes dans la filière avicole sont estimées à 200 millions de dollars. Des dizaines de milliers d'emplois risquent de disparaître menaçant, de fait, de très nombreuses familles qui vivent de cette activité. Pis encore, la consommation de la viande blanche a enregistré durant cette dernière période une baisse de 70 %. Actuellement, la production de la viande blanche est de 200.000 tonnes. Entre 7 et 8 kilos sont consommés par habitant et par an selon M.Boukersi, alors qu'on était à 12 kg/h/an dans les années 80. Les normes internationales sont de 25kg par h/an. Concernant les oeufs, l'on apprendra que l'Algérien consommait aux débuts des années 90, quelques 120 oeufs par an. Actuellement le niveau de consommation se situe autour de 80 oeufs/h/an. Cependant, malgré la turbulence conjoncturelle que traverse la filière avicole, M.Boukersi estime que celle-ci peut se relever dans le cas d'une reprise de la consommation.