Malik Hanouche, qui fait déjà preuve d'une dextérité impressionnante à jouer de la guitare, a encore une fois séduit le public du TRO lors d'un spectacle organisé lundi. En affinant ses techniques, il démontre de jour en jour que l'interprétation n'a pas de limites et c'est au grand bonheur d'un public déjà acquis mais à chaque fois ému. Evoluant dans un vaste répertoire incluant le flamenco, son style de prédilection, il a de tout temps accordé une importance particulière à la sensibilité au détriment de la technique qu'il ne néglige pas pour autant. Ce n'est sans doute pas un hasard s'il a, cette fois, entamé sa prestation avec un morceau composé par Atahualpa Yupanki, célèbre chansonnier latino-américain. Un clin d'œil à un guitariste engagé qui s'est installé en Espagne. Accompagné par son bassiste Imad, il a ensuite entamé son show proprement dit avec un tango de Tomatito. Suivront ensuite des « bolérias » de Serge Lopez, expressives mais basées essentiellement sur une richesse rythmique. C'était juste avant de s'attaquer au répertoire de Vicente Amigo, la nouvelle étoile du flamenco hérité des grands maîtres dont Paco De Lucia. Du chien andalou Méthodique et pédagogue, le plus célèbre guitariste classique d'Oran présente à chaque fois les œuvres qu'il allait interpréter. Le recours à la boîte à rythme n'a pas déteint sur les mélodies caractéristiques des rumbas flamencas, du répertoire signé Jao Gilberto et que l'instrumentiste oranais interprète avec brio. Malik, qui ne donne pas trop de crédit aux compliments, a pourtant tenu à interpréter seul, sans accompagnement, un fandango, un genre de flamenco qui nécessite sans doute une concentration particulière pour son exécution. Le retour de la « section » rythmique se fera avec la bossa brésilienne avant de terminer avec un classique du jazz adapté à la guitare et composé à l'origine par Paul Desmond. Une fin en happy end pour un guitariste qui a pourtant choisi délibérément de ne pas tomber dans la facilité en œuvrant passionnément à l'exploration (il le fait toujours) en profondeur de la musique espagnole. Aussi, sans doute par souci de partage, il a, à chaque concert, tenu à ce que ses élèves fassent l'expérience de la scène ne serait-ce que le temps d'interpréter une pièce du répertoire classique ou même d'une simple étude. En effet, hormis son enseignement de la musique dans un établissement scolaire, il anime un atelier de guitare, « Guitarréria », au profit des jeunes doués ou, du moins, les plus motivés pour apprendre. Cet atelier se présente comme une véritable pépinière qui ne sera que bénéfique pour la musique algérienne de demain.