Des dizaines de jeunes des bidonvilles, armés de barres de fer, ont brûlé des pneus sur la voie publique et saccagé le point de vente du concessionnaire automobile Renault. Les autorités locales ont procédé au déplacement d'environ 350 familles ers l'esplanade du stade du 5 Juillet, où elles ont passé la nuit de mardi à mercredi. De violents affrontements ont opposé, durant toute la matinée d'hier, les habitants de Diar El Kef, dans la commune de Oued Koreich d'Alger (ex-Climat de France), aux forces de l'ordre. Tout a commencé dès les premières heures de la matinée. Les habitants des bidonvilles de la Carrière Jaubert et de Fontaine-Fraîche ont occupé, très tôt, le rond-point Triolet, bloquant l'axe routier menant vers Bab El Oued. Ils étaient très en colère contre les autorités locales qui, selon eux, les ont lésés dans l'opération de relogement. Des dizaines de jeunes desdits bidonvilles armés de barres de fer ont brûlé des pneus sur la voie publique et saccagé le point de vente du concessionnaire automobile Renault. L'intervention des forces antiémeute pour les disperser a attisé leur colère. La situation a tourné alors à l'émeute. La place de Triolet a été le théâtre, trois heures durant et sous un soleil de plomb, de violentes échauffourées. Résultat : plusieurs blessés de part et d'autre et arrestation de quatre manifestants. La protestation avait commencé la veille. Dans la nuit de mardi à mercredi, les habitants des quartiers en question ont coupé la route menant vers Bouzaréah (hauteurs d'Alger). A l'origine de cette contestation, apprend-on sur place, l'exclusion d'une cinquantaine de familles de l'opération de relogement entreprise par les autorités locales, dans le cadre de l'éradication de l'habitat précaire à Alger. Les familles ayant élu domicile dans le bidonville de Diar El Kef, dans la commune de Oued Koreich, font partie des bénéficiaires de l'opération de relogement qui a débuté samedi dernier. Les autorités locales ont procédé au déplacement d'environ 350 familles vers l'esplanade du stade du 5 Juillet, où elles ont passé la nuit. Le lendemain, elles ont été transportées vers Baraki et le quartier des Eucalyptus, où elles devaient être relogées. Pendant ce temps, les services de la commune ont procédé à la démolition du bidonville en question. Ce qui a irrité les familles exclues, qui ne sont pas sur la liste des bénéficiaires, ballottées entre Baraki et les Eucalyptus dans des camions chargés de baluchons et autres bagages de fortune, dans l'espoir d'être logées dignement. Mais leur espoir s'est vite dissipé. « Pas de logement pour vous, vous n'êtes pas sur la liste », leur a-t-on déclaré. Les autorités locales ont estimé que les familles qui n'ont pas bénéficié de logement sont celles qui « sont arrivées dans le bidonville après le recensement de 2007 ». « Après le recensement de 2007, beaucoup de famille sont venues de l'intérieur du pays. Elles ont acheté des baraques appartenant aux anciens occupants, croyant qu'elles pourraient bénéficier naturellement d'un logement sans avoir été recensées », explique un élu de Oued Koreich. Cet argument n'est pas convaincant pour les protestataires. Abandonnées aux abords de la route, les malheureuses familles ont été contraintes de revenir dans leurs anciennes habitations. Là, elles sont choquées en trouvant leurs baraquements complètement rasés. « Non seulement on nous a lésés dans l'attribution des logements mais, plus grave, ils ont détruit nos baraques. C'est injuste. On passe la nuit à la belle étoile et le jour nous sommes exposés à une chaleur suffocante. Nos enfants risquent de mourir », s'indigne un père de famille. Un jeune en colère pose la question : « Un logement, est-ce un droit de chaque Algérien ou non ? » « Si les autorités pensent que ne nous sommes pas des Algériens, qu'ils nous le disent et on ira chercher un pays de rechange », lance-t-il. Ce n'est que vers 13h que le calme est revenu dans le quartier. Mais la situation reste précaire…