Galère A l?heure actuelle, plus de cinq mille familles avec leurs enfants se démènent pour se procurer quotidiennement leur ration d?eau. Pas de conduite d?eau, pas d?égouts d?évacuation et une promiscuité effarante. Il s?agit, bien sûr, de la bourgade d?El-Hassi, située à la sortie sud d?Oran. La bourgade en question fait plutôt penser à une espèce de casernement qui se profile à l?horizon de la zone industrielle d?Es-Senia toute proche, laissant échapper de ses cheminées les déchets pollués d?usines. Environnement hostile qui se décompose à la faveur de la proximité du périphérique sud. D?ailleurs, les barrières de protection la longeant ont fini par craquer à force d?être brisées par des automobilistes à la recherche de raccourcis. Des accidents dont sont victimes les petits à la recherche de jeu non loin de la route meurtrière, surviennent presque quotidiennement. Les gens d?El-Hassi ne tarissent pas d?invectives sur les inconvénients qu?ils subissent depuis leur «atterrissage» en ces lieux hostiles en 1987. Ils vous diront qu?ils sont oubliés par les élus locaux et l?administration qui ignorent jusqu?à leur existence. Contrastant étrangement avec un décor surréaliste, la localité d?El-Hassi est enfouie dans une cuvette, invivable l?hiver à cause des inondations et de la gadoue omniprésente. Et pour corser le tout, elle est agressée par les moustiques qui y trouvent un champ propice à leur prolifération. Il faut dire aussi que les nombreuses écuries installées à l?intérieur de quelques haouchs n?arrangent pas les choses. Cet état de fait envenime les rapports déjà tendus entre la population et les autorités locales. Récemment, des heurts violents ont opposé les jeunes d?El-Hassi aux éléments des services de sécurité qui ont lancé des bombes lacrymogènes sur les émeutiers qui réclamaient de l?eau et du travail. Dans un accès de colère, les jeunes contestataires avaient barré la route avec des blocs de pierre, brûlé des pneus et saccagé des véhicules de transport collectif. «Regardez ces belles cités qui poussent comme des champignons à proximité de nos mansardes. Elles sont équipées de toutes les commodités. Ne sommes-nous pas des Algériens à part entière ?» clament des pères de famille au bord de l?explosion. Des centaines de familles sont, en effet, venues occuper ces nouvelles habitations construites pour la plupart dans le cadre du logement social... En définitive, malgré les bastonnades fréquentes dont sont victimes les jeunes d?El-Hassi, ils sont toujours là à espérer qu?un vent favorable poussera, un jour, les responsables locaux à s?intéresser à leur sort.