29 cas de corona sont confirmés en Tunisie, avec deux cas graves mais aucun décès. Le premier cas de coronavirus est déjà déclaré guéri par l'hôpital Farhat Hached de Sousse, après un traitement de 20 jours. Le président Saïed a décidé, avant-hier, un couvre-feu partiel et conseillé à la population d'éviter les attroupements. Le trafic est au ralenti sur la grande route touristique de Sousse, en cette matinée printanière. Restaurants et cafés sont fermés dans cette zone touristique longeant la mer et remplie d'hôtels, dont la majorité a carrément fermé, à cause de la pandémie universelle de coronavirus. Seuls les pharmacies, commerces et supermarchés sont encore ouverts, tout en respectant des mesures préventives. Le ministre tunisien de la Santé, Abdellatif Mekki, a déclaré que la Tunisie opte pour des mesures d'anticipation, pour essayer de se protéger contre le risque d'un pic ravageur de la pandémie du coronavirus. «Nous avons opté pour des mesures du stade 3, alors que nous étions encore en phase 2, comme la fermeture des établissements scolaires et universitaires, annoncée le 11 mars, 4 jours avant les vacances», a-t-il précisé, expliquant l'objectif majeur de cette approche. «Nous anticipons pour essayer d'atténuer au maximum l'impact du pic attendu de la pandémie. Avoir des centaines de cas, pendant le pic, serait mieux gérable, que de se retrouver face à des milliers de cas», estime le ministre Mekki. Côté politique, le président Saied a décidé, avant-hier, d'instaurer un couvre-feu pour réduire les mouvements de la population. Le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a décidé la veille d'aménager les temps de travail de l'administration, pour alléger les transports publics. Dans la même allocution, M. Fakhfakh a décidé la fermeture des cafés et des restaurants et de reporter toutes les activités culturelles et sportives. Même les mosquées ont été fermées depuis le vendredi 13 mars. La Tunisie a, par ailleurs, déjà fermé son espace aérien aux dessertes touristiques. Seuls les navires de marchandises et les avions-cargos sont toujours autorisés à venir en Tunisie. La population a été appelée à éviter les attroupements et ne sortir qu'en cas de besoin, pour éviter une éventuelle contagion. Prise en charge La Tunisie a procédé, depuis mi-janvier, au confinement des personnes suspectes d'être porteuses du virus Covid-19. Cela a commencé avec les Tunisiens rapatriés de Chine, qui se sont avérés tous indemnes après les 14 jours de confinement. Depuis, avec la propagation de la pandémie vers l'Europe, notamment l'Italie, les premiers cas sont apparus en Tunisie. Les 29 cas, jusqu'à hier, sont soit rentrés de l'étranger (Espagne, France, Italie et Egypte), soit ayant eu des contacts avec les premiers. Il n'y a pas, encore, de foyer local du virus. La Tunisie a, entre temps, élargi les exigences de confinement à tous les voyageurs venant des zones infestées par le virus, voire à tous les voyageurs venant de l'étranger, puisque la pandémie est universelle. L'approche tunisienne associe la société civile et les citoyens dans la prise en charge, pour éviter le chaos. «Nous avons opté pour le confinement individuel, afin de ne pas encombrer le personnel socio-médical, avec des tâches gérables par un minimum de conscience citoyenne», explique le ministre de la Santé, qui reconnaît la possibilité d'écarts, en citant le cas de l'immigré qui s'est envolé vers Strasbourg, alors qu'il était confiné à Bizerte. Néanmoins, le ministre pense que la Tunisie cherche à optimiser les moyens de bord. «La Tunisie n'a pas les moyens de demander à sa population de rester à domicile, alors que l'Etat prend en charge les salaires, sans oublier les deux millions de Tunisiens qui vivent au jour le jour», explique Mustapha Ben Ahmed, le président du bloc parlementaire de Tahya Tounes. Donc, jusque-là, le Covid-19 est contrôlé en Tunisie. Le 1er cas est même guéri. Mais tout le monde est inquiet pour le pic attendu d'ici fin mars.