La célébration des noces en Kabylie a pris une tournure cacophonique ces dernières années. Chaque été, les villes et les villages se transforment en discothèques à ciel ouvert au grand dam des nostalgiques des mariages traditionnels d'antan. L'ouverture des salles des fêtes ne s'est pas faite sans causer des désagréments aux riverains. Fort prisés par les familles pour l'organisation de ce genre de cérémonies, ces espaces qui ont proliféré aux quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou sont en passe de devenir une véritable source de nuisance sonore pour les riverains. A Azazga, des habitants de Tazaghart, au village Tadart, sont arrivés jusqu'à fermer, en août 2008, la RN12 à la circulation automobile pour exprimer leur mécontentement contre les « effets néfastes provenant de l'exercice d'activités nocturnes et diurnes à la salle des fêtes ». « On n'en peut plus. Les fêtes sont organisées même dans la cour de l'établissement », disent-ils. Dans une requête adressée aux autorités, les contestataires soulignent : « Nous nous retrouvons quotidiennement obligés de supporter toutes sortes de désagréments sonores ». « Le wali de Tizi Ouzou a pris un arrêté de fermeture (n° 748 du 29 août 2007) de cette salle, dont l'exécution tarde à se concrétiser ». Des situations litigieuses similaires ont été portées à la connaissance des pouvoirs publics ces dernières années mais rien n'a été entrepris pour rappeler à l'ordre les propriétaires de ces lieux commerciaux. Les dernières mesures prises dans la wilaya de Tizi Ouzou remontent à mars 2005 quand une décision de fermeture de plusieurs salles des fêtes a été prise par les autorités locales sur instruction du wali. Motif : non respect des normes. Outre l'exiguïté des lieux dans certains établissements pour l'organisation d'événements de masse, il a été relevé l'absence des mesures préventives de sécurité, incendie, isolation phonique, issues de secours, extincteurs. En l'absence des chiffres officiels, remis généralement par l'administration, il est impossible de connaître le nombre d'établissements activant dans la wilaya de Tizi Ouzou. A l'initiative du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, un décret exécutif daté du 29 octobre 2005 avait été adressé aux walis leur imposant de faire respecter un cahier des charges. Les propriétaires doivent satisfaire à un certain nombre d'obligations. Le texte interdit l'implantation de ces salles au milieu des quartiers populaires, à proximité des mosquées et des hôpitaux. Il est exigé de leurs propriétaires de fixer aussi la distance entre ces salles et les lieux de culte, les cimetières, les établissements scolaires ainsi que les quartiers résidentiels. Concernant le bruit et autres nuisances sonores, l'ouverture de ces établissements est conditionnée à la mise en place des dispositifs d'isolation phonique pour ne pas indisposer le voisinage et limiter l'exploitation à 22h. En tout état de cause, les plus grandes nuisances sont produites dans les villages lors des « disc-jockey » sauvages qui durent jusqu'à l'aube, sans respect d'une réglementation d'aucune sorte. Les salles des fêtes seraient en vérité le meilleur cadre d'organisation d'activités festives avec un minimum de désagréments pour les riverains.