Il est le troisième personnage de l'Etat. Abdelaziz Ziari, président de l'Assemblée populaire nationale, a saisi ce jeudi l'occasion de la cérémonie de clôture de la session de printemps de la chambre basse pour répondre indirectement et de manière officielle aux animateurs du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK). Un mouvement qui a annoncé, il y a quelques mois, la création d'un gouvernement provisoire présidé par Ferhat Mhenni. Devant un parterre composé de membres du gouvernement et de députés de différentes formations, Ziari a critiqué vivement ce projet et a condamné ses initiateurs qui font, de son avis, dans la surenchère politicienne visant à ancrer l'esprit de tribalisme, de régionalisme et de division entre les enfants du pays. « Nous sommes convaincus que ces voix ne trouveront aucun écho auprès du peuple algérien révolutionnaire, un et indivisible », a lâché Ziari. En s'exprimant sur ce sujet, Ziari engage une institution qui représente tout un peuple, mais engage également l'Etat car le président de l'APN est un « homme du système ». Portant aussi les couleurs du FLN, Ziari n'y va pas de main morte lorsqu'il s'agit de défendre l'unité de la nation et la stabilité du pays. Cette cabale, selon lui, participe ni plus ni moins d'un complot visant l'unité de la nation et intervient dans un contexte particulier où l'Algérie, tant bien que mal, vient de panser ses blessures et d'effacer les traces de la décennie noire : « Au moment où l'Algérie oeuvre pour dépasser la difficile période qu'elle a vécue, soucieuse d'effacer tous les stigmates de la décennie écoulée en redoublant d'efforts pour renforcer la réconciliation, la stabilité et la sécurité et en affrontant les défis économiques et sociaux, voilà que des voix étrangères à la réalité de notre nation et à ses aspirations, nourries par un complot, s'élèvent visant à saper l'unité nationale », s'est exclamé Ziari, en précisant plus loin que « le Parlement, qui comprend des élus de toutes les régions du pays et dans la diversité de leurs sensibilités politiques et de leurs penchants idéologiques, dénonce avec rigueur les surenchères politiciennes qui oeuvrent pour la consécration du sectarisme, du régionalisme et la division entre les enfants du peuple uni », a tonné Ziari. Fortement applaudi par l'assistance, le président de l'APN s'est dit convaincu que « ces personnes n'ont aucun poids et leurs voix ne sont pas crédibles aux yeux du peuple algérien uni ». A titre de rappel, le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait déclaré, sur le même sujet : « Ce n'est que du tintamarre. » Ferhat Mhenni a été également critiqué au sein même de son mouvement. Des membres fondateurs du MAK ont dénoncé « un aventurisme aux lendemains incertains ». Ces derniers reprochent à Ferhat Mhenni, chef autoproclamé, de tomber dans « la caricature des pratiques héritées du mouvement national et du FLN, comme le zaïmisme, les tentations hégémoniques, l'arbitraire et la politique du fait accompli ». A l'opposé, Ferhat Mhenni s'est montré convaincu de la justesse de sa démarche. Il a estimé qu'avec l'installation de ce gouvernement, « le pouvoir algérien a désormais un interlocuteur de taille avec qui il peut négocier pour résoudre le conflit qui l'oppose à la région de la Kabylie ».