Les premiers baigneurs ont fait leur apparition sur les rives des plans d'eau disséminés à travers la wilaya de Médéa, fuyant les fortes chaleurs qui caractérisent la région durant l'été. La hausse subite du mercure a poussé beaucoup de jeunes en quête de fraîcheur à se ruer littéralement vers les plans d'eau pour échapper à la canicule qui les a contraints à réduire au maximum leurs déplacements, aussi bien à l'intérieur de leur village que vers les grandes villes, où ils ont l'habitude de venir flâner, surtout pendant cette période de l'année. Les petits barrages, les retenues collinaires et les mares d'eau, utilisés pour l'irrigation des cultures, ont été pris d'assaut par des groupes de jeunes et de moins jeunes venus simplement faire trempette et se défouler entre amis. C'est qu'en dépit du danger qu'ils représentent, ces plans d'eau constituent pour nombre de jeunes, issus dans l'ensemble des zones rurales enclavées, l'ultime refuge en période de canicule. La fréquentation de ces endroits non sécurisés s'est ancrée progressivement dans les mœurs des plus jeunes qui, faute de structures aquatiques adaptées et surveillées, jettent leur dévolu sur les lieux de fraîcheur qui se trouvent à proximité. Abstraction faite du danger que représentent ces espaces, s'y baigner a, pour ces personnes, un double avantage, celui de leur procurer des moments de détente et de sortie l'espace d'une journée de leur isolement et de la morosité qui rythme leur quotidien. Une activité qui procure, dit-on, un sentiment de bien-être insoupçonné et presque égal à celui que ressentent d'habitude les amateurs de la grande bleue, le confort et les dimensions en moins. De condition modeste pour la plupart d'entre eux, ces baigneurs d'un jour disent se contenter de ce qu'il y a et s'arrangent pour que leur journée soit des plus agréables possible. Aussi, faut-il s'attendre à croiser, sur le chemin menant à ces plans d'eau ou sur les rives, des jeunes arborant l'accoutrement du « parfait baigneur ». Ici, au milieu de ces vastes étendues d'herbes brûlées par le soleil, un autre décor s'offre ainsi à la vue : aucun signe distinctif, juste des silhouettes qui se relayent dans une indescriptible cohue dans l'eau où s'exhibent sur les rivages, sous le regard d'autres copains qui attendent leur tour pour se joindre à la « fête ». Peu importe ce que l'on porte ou d'où l'on vient, l'essentiel réside dans l'ambiance et la convivialité qui caractérisent ces virées. D'ailleurs, c'est cette ambiance qui pousse de plus en plus de jeunes à parcourir, sous un soleil de plomb, de longues distances à travers champs, au lieu d'attendre d'hypothétiques navettes vers les lointaines villes côtières, ou errer à longueur de journée à l'intérieur de leur village ou hameau si isolés.