Les universités essayent d'adopter le mode d'enseignement à distance en cette période de confinement provoquée par l'apparition des cas de coronavirus dans plusieurs wilayas du pays. Toutefois, certaines difficultés dans le lancement des cours en ligne commencent, d'ores et déjà, à surgir, notamment en raison des problèmes liés à la connexion Internet. Celle-ci, selon plusieurs enseignants et étudiants, laisse vraiment à désirer. Pour Dr Ratiba Sahoui, enseignante de géologie à l'université des sciences et de la technologie Houari Boumediène de Bab Ezzouar, l'enseignement en ligne est techniquement très facile mais le problème de connexion se pose et cela pourrait induire à des inégalités dans l'accès aux cours pour les étudiants. «Il y a des étudiants de toutes les régions d'Algérie et de l'étranger qui ont rejoint leurs familles en ces temps de confinement. Donc, on sera confronté à une injustice quelque part», souligne la même enseignante, qui ajoute, en outre, qu'il est possible, à la limite, de faire des cours magistraux et traiter des séries de travaux dirigés (TD) mais le problème des TP (travaux pratiques) se posera puisqu'il s'agit des séances de manipulation. «Il y a aussi les stages de terrain, notamment en géologie, qui sont considérés comme des matières à part entière avec un coefficient et un nombre de crédits bien définis. Nous avons l'habitude d'être toujours en contact avec les étudiants pour transmettre des supports par internet, par mail ou même sur les réseaux sociaux mais, maintenant, il s'agit de cours en salle virtuelle : enseignant présent et fait son cours et les étudiants inscrits au cours interagissent. Pour les petites sections, en master, c'est plus au moins gérable mais pour les grandes sections, en licence, ce n'est pas évident», souligne Dr Sahoui. De son coté, Samy Hassani Ould Ouali, enseignant à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, estime que «la formation à distance ne s'improvise pas !» «Tous les étudiants n'ont pas de PC et une connexion internet», a-t-il précisé sur sa page facebook. Le même universitaire fait remarquer aussi que même des enseignants «n'ont ni PC, ni connexion internet et ni un toit qui est un outil de travail indispensable. Tant que ces conditions minimales ne sont pas réunies, il est impensable de parler de formation à distance. Cela bien sûr, dans une situation normale», a-t-il expliqué. Pour sa part, Abderezak Adel, enseignant-universitaire de Constantine, parle d'une fuite en avant de l'université face au covid19. «Le ministre impose l'enseignement en ligne! Les recteurs font la pression sur les enseignants! e-mails, délais impartis, évaluation du nombre de séances… virtuelles et menaces sur les salaires! Le recteur de Béjaïa programme des examens le 7 avril en plein confinement quand Tebboune annonce la prolongation de la fermeture des écoles et universités et même une troisième fermeture n'est pas exclue. Dans tout ça, l'administration navigue seule», lit-on dans son post sur facebook où il relève que dans «ce contexte de confinement et de climat anxiogène, le ministre pense que les étudiants vont digérer facilement des centaines de pages à apprendre, à comprendre sans échanges, ni manipulation dans les TP ni travail continue». Par ailleurs, plusieurs autres enseignants voient que les opérateurs de la téléphonie mobile doivent s'impliquer dans cette opération pour offrir un débit important aux étudiants et aux enseignants afin de faciliter le déroulement de cet enseignement virtuel, et ce, dans le cadre dans une convention entre le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avec celui de la Poste et des télécommunications. «J'ai essayé d'envoyer un cours à mettre en ligne sur la plateforme d'enseignement à distance de notre université, en vain. Et ce, en raison d'un faible débit de connexion qui rend difficile cette tâche. Donc, il est quasiment impossible de réussir ce mode de formation en ligne avec une connexion qui laisse vraiment à désirer», déplore un autre enseignant universitaire. Dans les localités les plus reculées des villes, l'enseignement en question peut indubitablement s'avérer pratiquement impossible. «Dans notre commune, même le réseau de la téléphonie mobile est souvent perturbé», nous confie un étudiant qui ajoute que de nombreux villages ne disposent pas du réseau Internet.