Limogé lundi matin, le patron de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), le général Wassini Bouazza, a passé sa première nuit en prison. Sa mise aux arrêts intervient quelques heures après son limogeage, sur instruction du Président, dont il dépend organiquement. Faisant l'objet de poursuites judiciaires liées à sa «gestion controversée» des affaires de sécurité de l'Etat, sa «neutralisation» met fin à quatre mois «d'une guerre de clans». Malaise au sommet de l'Etat. Prise lundi matin, la décision de limogeage du général Wassini Bouazza, patron de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), était prévisible. Le «bras armé» de feu Gaïd Salah (chef d'état-major de l'Anp et vice-ministre de la Défense), comme le désignaient ses détracteurs, était sur la sellette depuis l'arrivée du candidat Abdelmadjid Tebboune à El Mouradia et du général-major Saïd Chengriha à la tête de l'état-major de l'Anp. La désignation, il y a six jours, du général Abdelghani Rachedi pour le seconder, en tant que directeur adjoint avec de «larges prérogatives», a mis fin à sa carrière, après quatre mois de crise au sommet de l'Etat, entre son départ ou son maintien à la tête d'un service que lui avait confié le défunt Gaïd Salah. Tout le monde sait qu'entre le Président et le patron de la DGSI, les relations «n'étaient pas aussi reluisantes». Cela transparaissait, expliquent nos sources, «à travers les décisions, contre-décisions, résistance et opposition parallèle, qui suscitaient de lourdes interrogations au sein de l'opinion publique». Depuis quelque temps, une enquête a été ouverte au niveau de la Direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA) sur de nombreux dossiers liés à la gestion du général Bouazza, «ses relais, ses intrusions dans le domaine politico-médiatique, etc.». Le général se savait éjecté de son poste surtout après cette cérémonie officielle, médiatisée – ce qui est exceptionnel – de l'installation du général Rachedi par le chef de l'état-major de l'Anp, Saïd Chengriha, à laquelle il n'a pas pris part. A-t-il été sommé de rester à l'écart en attendant d'autres décisions ? C'est le cas, affirment des sources militaires. Lundi matin, toutes les structures du ministère de la Défense étaient informées de sa mise de fin de fonction alors que des officiers de la DCSA venaient de l'interpeller pour le diriger directement vers leur service à Ben Aknoun, où il a été mis aux arrêts pour «plusieurs griefs» qui lui seraient reprochés. Sa «neutralisation» est une suite logique aux changements opérés depuis quatre mois, notamment à la tête des structures les plus sensibles de l'armée. D'abord la nomination d'un nouveau patron à la tête de la DCSA, suivie de la désignation du général Kaidi à la tête du département emploi et préparation, qui dépendent de l'état-major de l'Anp, pour arriver à la fin au limogeage de Bouazza, remplacé d'ailleurs par le général Rachedi, qui a été son adjoint durant cinq jours. L'installation officielle de ce dernier a été faite par le chef de l'état-major de l'ANP, Saïd Chengriha, qui, lors de son intervention bien médiatisée, a appelé les officiers à «se mettre sous ses ordres, le respecter et agir dans le respect de la loi dans l'intérêt du pays». Des propos lourds de sens qui pourraient augurer une nouvelle ère.