Peut-être que le sujet est abordé avant l'heure. Mais ne dit-on pas que l'anticipation doit toujours prévaloir dans la gestion de nos activités au quotidien ? Encore que vouloir dépasser des situations dramatiques, plombant toute joie de vivre, ne peut qu'apporter du baume au cœur de citoyens longtemps confinés. La tendance mondiale quant à la maîtrise de la pandémie valide le passage à l'après-confinement et le lancement d'une réflexion sur le nouveau comportement à adopter pour préserver l'humanité dans son milieu vital. Il sera question de mesures concrètes censées éviter toute hécatombe sanitaire, ou du moins anticiper sur les moyens de riposte efficace prédéfinis dans une stratégie plus globale. L'ampleur de la tragédie du Covid-19 est pleine d'enseignements. Il importe aux décideurs de s'en inspirer étroitement dans leur mission de gestion de l'action publique en temps de crise imprévue. L'angoisse des premiers jours de la propagation de la maladie est certainement amplifiée par l'incapacité de nos structures sanitaires à contenir les flots de malades si caractéristiques qui y parvient en un laps de temps. Pourtant la carte sanitaire nationale est schématiquement si décentralisée au point d'atteindre l'échelon de quartier. Sur le plan humain, nos universités forment suffisamment de médecins. Il est donc urgent de se pencher sérieusement sur les raisons de leur départ en masse, vers l'étranger dans le souci de rendre crédible et opérationnelle cette carte sanitaire. La même attention doit être portée à toute l'élite algérienne qui fait les beaux jours de pays étrangers. Il reste que beaucoup de leviers devaient intervenir en aval pour réduire le flot des urgences et prétendre alors à une prise en charge médicale efficiente pour tous. Ces leviers sont aussi divers que diversifiés ; leur dénominateur commun est leur capacité à accélérer la progression massive d'une contagion entre humains. La distanciation sociale – nouveau vocable et nouvelle conception dans la culture des rapports sociaux – s'impose désormais comme une barrière incontournable dans la limitation du risque contagieux. Les sociologues et les psychologues auront du mal à concevoir une nouvelle société sans contact et sans approche entre ses individus. De nouvelles technologies s'imposeront à leur tour pour limiter davantage tout contact direct dans les tractations sociales. Les visioconférences remplaceront les joutes orales et les bains de foule ; la télémédecine mettra fin à la charge émotionnelle entre médecin et patient. La recherche éperdue du degré zéro de contacts interhumains dans le seul souci de casser la chaîne des contagions imposera enfin ce qu'espèrent tous les Algériens. Le recours tant attendu à la monétique moderne ne sera pas de trop, sauf pour les adeptes des bas de laine. Les E et les M paiements effaceront l'utilisation des billets de banque et autres pièces de monnaie, révélés grands vecteurs de transmission virale. Nos banques ont enfin l'occasion inespérée pour se moderniser, au grand bonheur de leurs clients. Dans bien des cas, on ne peut que se rappeler de l'adage qui dit qu'«à chaque chose malheur est bon».