Depuis un mois se tient une foire commerciale au niveau du stade Bendjamaâ de Collo. Le site, pieds dans l'eau, se trouve à l'extrémité est de la plage La baie des jeunes filles. Le terrain, déjà défiguré par le projet du boulevard du front de mer qui s'éternise depuis 15 ans, accueille une dizaine de stands, des fast-foods, un petit parc ludique et quelques animaux domestiques. Comme chaque année, l'organisation de la foire, ne fait pas l'unanimité au sein de l'opinion publique locale. Les uns sont pour, les autres sont contre et chaque partie avance ses arguments. Dans le camp des partisans de la tenue de cette foire on retrouve l'administration locale et une partie de la population, qui avancent, au moins, trois arguments. Le premier est financier, le second commercial et le troisième d'ordre culturel. Financièrement, ce genre de manifestation permet à l'APC de louer le terrain, moyennant une dizaine de millions de centimes, ce qui permet de renflouer les caisses de la mairie. Commercialement, la foire propose des produits souvent introuvables sur le marché local et à des prix concurrentiels. Culturellement, la foire, avec son espace ludique, à savoir les jeux pour enfants, crée une animation appréciée par les Colliotes et les visiteurs. L'autre camp, constitué de l'autre partie de la population appuyée par les commerçants et les associations, est d'un autre avis. Pour les riverains, soit les habitants des HLM qui surplombent le stade Bendjamaâ, il est illégal d'installer une foire, synonyme de vacarme nocturne, à 100 m du quartier. Pour les commerçants de la ville, une telle manifestation n'est pas la bienvenue. « On passe 10 mois à attendre juillet-août pour travailler et voilà que, chaque été, des commerçants venus de l'intérieur du pays s'y installent pour proposer les mêmes produits que nous et au même prix tout en bénéficiant du label foire pour nous concurrencer », explique un commerçant de la cité préinsulaire. « Même un chinois a réservé un stand cette année et heureusement qu'ils n'ont pas profité (les organisateurs, ndlr) pour donner à cette kermesse un cachet international », ironise un autre. Selon plusieurs associations, le fait d'installer sur moins de 200 m2 carrées et à même le tuf, plus de 50 stands, a transformé la plage de la baie en un bidonville. Sur place, en guise de clôture, des tôles ont été dressées, et même des sanitaires à l'air libre ont été improvisés pour les besoins de la cinquantaine de commerçants et d'organisateurs. Selon un président d'association, le préjudice financier et moral causé est plus important que la misère de dinars récoltés par la mairie. « Collo est-elle si délaissée pour qu'on soit obligé de clochardiser la ville afin de récolter quelques centimes, alors que l'Etat ne trouve pas de preneurs pour les milliards consacrés aux différents plans de relance ? », s'interroge un élu. Evidemment, la foire de Collo ne fait pas l'unanimité, surtout que le phénomène n'est pas le propre d'une ville balnéaire. En effet, chaque été, celle-ci provoque une autre foire, celle des questions autour de son opportunité.