Le 26 novembre 2007, au tribunal militaire de Blida, furent jugés à huis clos le PDG de BRC, Moumen Ould Kaddour, un lieutenant du service d'écoute, Chettouh Mahdi et un civil, Adel Miloud, pour « divulgation d'informations classées secret-défense ». Le premier écopera de 30 mois de prison (remis en liberté), alors que l'officier des Services est condamné à 5 ans ferme. L'affaire est enrôlée et expédiée en deux temps, trois mouvements. Toutefois, tout n'a pas encore été dit autour de cette sombre affaire inspirée d'un roman d'espionnage. Il s'agirait de l'enregistrement d'une conversation téléphonique que le lieutenant des écoutes aurait téléchargé sur un flash disc remis à A. Miloud qui l'a transmis à son tour au PDG de BRC. Le contenu de l'enregistrement garde tout son mystère. En instance de jugement au tribunal de Bir Mourad Raïs, l'affaire Brown Roots and Condor (BRC), joint-venture algéro-américaine – KBR, filiale Halliburton, dirigée par Dick Cheney, est actionnaire majoritaire – fait figure d'un des plus gros scandales politico-financiers de l'Algérie indépendante où espionnage et corruption massive font bon ménage. BRC, véritable machine à cash, a bénéficié d'un nombre considérable de contrats de gré à gré avec Sonatrach (dont le plus important est le méga-contrat El Merkh de 5 milliards de dollars) et surtout avec l'armée (ANP). BRC obtient la réalisation en EPC (Engineering, Procrument and Construction) de 5 hôpitaux militaires, dont ceux de Constantine et d'Oran, plusieurs bases militaires d'aviation, la construction du siège de la DGSN et un centre de criminologie pour la Gendarmerie nationale à Alger. Dans une interview au journal on-line Le Maghrébin, Hocine Malti, expert pétrolier, un des membres fondateurs de Sonatrach, affirme que BRC n'était pas seulement une source d'enrichissement pour les Américains, mais aussi une « source de renseignements et de collecte d'informations » sur l'industrie pétrolière algérienne. « Cette société intervient dans des secteurs stratégiques tels que l'industrie pétrolière et la défense, elle a automatiquement connaissance de tout ce qui se passe dans les pays où elle intervient (…). » Le clou de l'affaire est sans doute cette fumeuse affaire de mallettes de commandement, matériel sophistiqué de communication fourni par BRC à l'état-major de l'ANP. Plusieurs sources prétendent que les services de renseignement militaire russes (GRU) auraient alerté le commandement de l'armée sur la mise sous écoute du matériel en question. Les « valises de commandement » censées « sécuriser » les communications militaires seraient « connectées » en permanence aux systèmes d'intelligence électronique américains et israéliens. Pour Hocine Malti, il s'agit là d'un « scandale tellement énorme qu'il est impossible à étouffer (…). Encore une fois, lorsque les choses en arrivent à ce point, un fusible doit sauter ; cette personne est toute désignée : c'est le directeur général (de BRC) qu'on accuse d'intelligence avec l'étranger ». Cette « intelligence » est ailleurs, ce n'est pas lui qui a ordonné l'achat de ces mallettes de commandement, la commande vient de l'armée, « c'est probablement un très haut gradé de l'armée qui lui a donné instruction de passer commande ».