Son violon d'Ingres a toujours été la danse orientale. Cette passion, il l'a cultivée depuis sa tendre enfance. C'est ainsi qu'il en a fait son métier voilà plus de deux décennies. De mère libanaise et de père syrien, Chadi a, dès sa jeune enfance, baigné dans un milieu tolérant et compréhensif à la fois. La danse orientale, réservée jusque-là aux femmes, n'était pas tabou chez les Chadi. Né au Liban, Chadi quitte ce beau pays à l'âge de sept ans, pour un autre aussi magnifique, à savoir la Syrie. Il poursuit une scolarité brillante. Détenteur de deux baccalauréats en littérature et en mécanique électronique, il égrène ses années d'étudiant tout en fructifiant sa passion première pour la danse orientale. Une fois son diplôme universitaire en poche, il décide de suivre le chemin d'une école privée académique de danse en Syrie durant quatre années. Cette escale lui permet, à coup sûr, d'affirmer ses connaissances. De là, il enchaîne les spectacles en participant à des tournées nationales, avant d'être sollicité un peu partout dans le monde. Chadi explique quand ils se prête au jeu de la danse qu'il a cette sensation de voler dans les airs. « Je n'ai pas de complexe à danser sous des airs orientaux. Les véritables danseurs dansent avec leur esprit », confie-t-il. Si la danse orientale est sa raison d'être, Chadi reconnaît avec beaucoup de fierté qu'il porte l'Algérie dans son cœur. Preuve en est, en 2001, avec ce coup de foudre pour Alger la Blanche. En effet, c'est au cours de cette année-là qu'il foule, pour la première fois, le sol algérien pour un voyage touristique. Un voyage touristique qui le retiendra non pas dix jours comme convenu au départ, mais six ans. L'artiste se rappelle qu'il s'est fait remarquer au cours d'un hommage rendu à l'un des maîtres de la chanson chaâbie algérienne, en l'occurence Boudjemaâ El Ankis, à la salle Ibn Khaldoun. Spontanément, il se retrouve en train de danser avec le public. Les éloges fusent alors de partout. « Amina Belouizdad, l'ancienne animatrice de la télévision algérienne, m'a encouragé en me disant que je resterai en Algérie. Elle ne s'était pas trompée », lance-t-il sur un ton rieur. Quelques jours plus tard, il est sollicité pour enseigner la danse dans des salles privées de sport à Alger. Il passera sur des plateaux de télévision, notamment algérienne. Homme de cœur et sensible à tout ce qui a trait au monde de l'enfant, il a animé des spectacles à titre gracieux pour des associations caritatives. Il a également tourné plusieurs clips. Au niveau de l'Algérie profonde, Chadi est, en outre, sollicité pour des mariages, des anniversaires… et pour des cours privés à domicile. L'artiste tient à préciser qu'il est un homme respectable. « Je travaille dans des endroits sains. Contrairement à ce que certains pensent, la danse orientale est également réservée au hommes. Il faut reconnaître que les hommes ont investi plusieurs créneaux, notamment dans la coiffure, la cuisine et le design ». Influences chaâbies Si l'année 2007 marque son retour définitif en Syrie, il n'en demeure pas moins qu'il continue à faire des va-et-vient permanents en Algérie. Détenteur d'une société artistique dans son pays depuis deux ans, il a réalisé une série de clips. Il compte même une expérience dans le théâtre pour enfants. Aujourd'hui, il caresse le rêve d'ouvrir une école privée de danse orientale. A la question de savoir quels sont les artistes qui l'ont influencé, Chadi explique qu'il aime toutes les musiques du monde, avec cependant des préférences pour Boudjemaâ El Ankis, le regretté El Hachemi Guerouabi, Nedjoua Karam ou encore Nancy Hadjram. Concernant ses danseurs de prédilection, il cite Tahia Carioca, Sonia Djamel, Tamara, Hakim Salhi et Kamel Ouali. Si Chadi est considéré comme étant le premier danseur homme oriental, il tient à préciser que les vêtements de soirée qu'il porte à chaque spectacle sont des costumes de scènes de haute couture. Chacun de ses spectacles est agrémenté d'une tenue spécifique, aux tissus nobles, aux perlages raffinés et aux accessoires rarissimes. Il suffit de regarder l'artiste pour s'apercevoir que la mode n'a également aucun secret pour lui. « J'ai mon propre styliste syrien. C'est moi qui dessine le modèle et choisis les couleurs. Il m'arrive très souvent, à quelques minutes d'un spectacle de griffonner des croquis de modèles », argue-t-il. Il va sans dire qu'il adapte son spectacle en fonction de sa tenue vestimentaire et d'une chorégraphie choisie par ses soins. Si Chadi est synonyme dans le lexique littéraire de belle voix, ce danseur hors pair peut se targuer de posséder une verve poétique. Cet aède qui ne peut déclamer ses poèmes par sa voix, compte les proposer à des chanteurs algériens et étrangers. Ce danseur au regard bleu azur, à la démarche altière, aux pas de danse mesurés et aux déhanchements saccadés est un inconditionnel du Kiffan Club d'Alger. Il y anime des spectacles chaque après-midi dans cet endroit où règne une ambiance bon enfant. En guise de conclusion, Chadi reconnaît que si sa carrière a pris un tel essor, c'est grâce à sa mère Amel, ancienne Miss Liban, à son frère Bachar, à ses enfants Ali et Haydi et à l'artiste syrien Kamel Nagma. « Ce sont eux qui m'encouragent au quotidien. Cela me donne plus de courage pour continuer de plus belle. »