C'est par ce road-movie musical qui nous vient du Liban qu'ont été ouvertes les rencontres d'Ibn Rochd. Quand la musique rencontre le cinéma cela donne ce film hybride. Bosta (l'Autobus) de Philippe Aractinji est le film qui a inauguré mardi dernier les rencontres d'Ibn Rochd. Aussi, c'est par le cinéma que cet évènement fut ouvert, rassemblant ainsi beaucoup de monde à la filmothèque Mohamed- Zinet. S'inscrivant dans le cadre de «Visages du Liban», Bosta donne à voir une certaine image édulcorée et branchée du Liban d'aujourd'hui qui se reconstruit dans la douleur, une identité culturelle, après la guerre et notamment pour ces enfants étant partis vivre ailleurs. Revenus dans leur pays, ils semblent concilier leurs traditions au modernisme des pays européens. Un fossé, cependant, les sépare avec leurs aînés qui ne voient notamment dans leur expression ici , la danse typiquement traditionnelle libanaise, Debka, fusionnée à la techno, qu'une source de conflit qui opposera cette jeune génération ouverte sur le monde à celle des vieux parents. Mais le clou de ce long métrage reste que malgré la différence des points de vue, on arrive toujours à «vivre ensemble»!. Et le père de se réconcilier avec son fils au bout du compte. C'est en tout cas ce que cherche à démontrer ce film. Aussi, c'est l'histoire de Kamel, qui après 15 ans d'absence d'exil en France, revient au Liban avec un objectif: reconstituer la troupe musicale formée, à l'école, Utopia, avec ses amis. Le directeur du festival de danse de Anjar après les avoir auditionnées refuse de les prendre. Son adaptation au goût du jour de la dabka n'est pas tout à fait à son goût. Kamel décide alors malgré tout d'entamer une tournée et montrer de quel bois il se chauffe. Une sorte de festival en «off» qui le mènera à rencontrer un public partagé, parfois amusé, mitigé et parfois satisfait. Le voyage à bord d'un vieux bus devient alors une aventure à la fois personnelle et collective où chacun renoue avec son enfance, ressuscite des amitiés ou des amours ensevelis, ou en crée des nouvelles...Ce voyage sera le catalyseur pour enchaîner sur une nouvelle page de l'histoire et oublier un peu ce passé trouble et douloureux de la guerre. Sous la pression d'une télé libanaise qui les accompagnera dans leur aventure, le directeur dudit festival de danse accepte finalement de les prendre. Bosta est un road-movie musical où le spectacle rime avec la vie de tous les jours. Avec des acteurs libanais des plus populaires. C'est surtout une production entièrement financée par des Libanais à hauteur de près d'un million de dollars. Un film qui a battu des records d'audience au Liban et dans tout le Moyen-Orient. Il aura fallu 8 ans au réalisateur pour achever son film nous a avoué sa soeur qui fait une petite apparition- éclair dans ce film. Malgré cette poésie, la beauté de l'image et de certains plans séquences, le film peut paraître un peu suranné dans le fond ...Organisées par l'Aassociation Chrysalide et les Editions Barzakh, cette projection sera suivie d'une séries d'activités, notamment aujourd'hui à la Bibliothèque d'El Hamma où prendront fin les tables rondes, initiées mercredi, placées sous le thème du «Vivre Ensemble». Se produira à la salle Ibn Zeydoun, en soirée, le chanteur syrien Abed Azrié qui nous inondera de ses chants d'amour et d'ivresse. Vendredi à 17 h, se tiendra à la filmothèque Mohamed- Zinet la projection du film intitulé Ce qu'il faut faire, un moyen métrage de Karim Moussaoui qui sera suivi du documentaire La traversée d'Elizabeth Leuvrey. Le soir, c'est place de nouveau à la musique avec cette fois de la fusion entre les musiques orientale et électronique avec le groupe Soap Kills qui sera accompagné de la chanteuse Karima Nayt. Une superbe croisière musicale qui nous mènera à la fois à Beyrouth, Le Caire et Alger.