Les nombreuses plaintes des nouveaux bacheliers mal orientés ont, semble-t-il, trouvé écho. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, réagit aux protestations soulevées ça et là par des étudiants ou encore par leurs parents. Il a reçu, hier El Watan dans l'optique « d'apporter quelques éclaircissements quant au déroulement de l'après-résultats du bac ». Il précise d'abord que l'opération des inscriptions s'accélère. Selon lui, jusqu'à hier, près de 195 000 bacheliers ont accompli les formalités d'inscription dans la filière à laquelle ils ont été affectés. « Ce qui équivaut à 82% de la globalité des nouveaux étudiants attendus jusqu'au 6 août, jour de la clôture des enregistrements », explique le ministre, avec un sourire de contentement. Ensuite, le premier responsable du secteur entre dans le vif du sujet. Il défend mordicus le nouveau système d'orientation informatisé. Rejetant d'un revers de main les accusations du « système défaillant et aléatoire », le ministre n'en démord pas : 95% des bacheliers ont été affectés dans le respect le plus strict de leur fiche de vœux. « Seulement, il semble que ceux-ci établissent ces demandes avec beaucoup de légèreté, sans y réfléchir à deux fois. Mais aussi et surtout sans intégrer la probabilité que le choix numéro dix puisse être celui qui sera retenu au cours du processus », déplore M. Harraoubia. Et quoi de mieux que la technologie afin d'expliquer au mieux le fonctionnement de cette opération qui est l'orientation des bacheliers. « Tout est informatisé, centralisé, fruit d'un logiciel programmé afin d'affecter chaque dossier à une filière. Cette action se déroule sur la base de la moyenne obtenue et des vœux formulés par l'aspirant, et ce, par le biais du serveur ouvert à leur disposition », martèle-t-il. Ce qui implique, évidemment, que certains paramètres ne peuvent pas être pris en compte par une « machine ». Pour exemple, le ministre cite le cas soulevé hier dans les colonnes d'El Watan, concernant un jeune homme détenteur d'un baccalauréat série sciences de gestion, et qui se retrouve catapulté en licence d'allemand. « Il est vrai que cette spécialisation figurait parmi les vœux du concerné. Le facteur langue n'a donc pas été pris en considération par le logiciel », reconnaît M. Harrouabia. « Performante » donc, mais pas infaillible, cette méthode, confie, quant à lui, son secrétaire général, a été mise en place afin d'éviter toute « intrusion ou intervention extérieure ». « Et par là même, de nous dégager de toute responsabilité quant à l'aboutissement de cette opération », assure ce dernier. Pour ce qui est des insatisfaits, devront-ils donc ne blâmer qu'eux-mêmes ? « Non ! Il y a effectivement quelque 9500 nouveaux étudiants qui ont été orientés dans des filières qui ne figuraient pas dans leurs fiches de vœux », souligne le ministre. D'ailleurs, cette année, ces derniers sont les seuls à ouvrir droit au recours. Car modifier l'affectation concédée sera soumise à condition. Afin d'user de ce droit, il est impératif que le résultat de l'orientation ne soit pas issu de l'un des dix choix émis par le candidat lors du remplissage de sa fiche de vœux. Dans ces cas-là seulement, il est proposé une liste des filières auxquelles le bachelier a accès. Et, au vu du nombre « historique » de réussite au baccalauréat, 212 555, dont 30 000 mentions, les places dans des pôles d'excellence se disputent. Et les moyennes de plus de 15/20 tiennent la dragée haute aux modestes 12/20. D'où la frustration des bacheliers qui ressentent, et parfois à raison, qu'ils ne peuvent pas faire grand-chose de ce diplôme tant convoité. « Bloqués », ils remplissent tant bien que mal leur fiche de vœux, en pensant, sans doute, que la logique des choses voudrait qu'un matheux ne soit pas dirigé en lettres…