Un engouement exceptionnel pour la culture de la tomate industrielle a été constaté durant la saison agricole 2010. Ainsi, une superficie de plus de 3 400 ha a été réservée à sa production, soit une augmentation substantielle par rapport à celle de l'année précédente. La campagne de cueillette de la tomate, qui a commencé début juillet, a permis jusqu'à présent la livraison de près de 120 000 q de ce fruit aux deux unités de transformation, tandis que près de 6 000 autres ont été mis sur les marchés. Les responsables de la direction des services agricoles (DSA) s'attendent à des résultats encourageants d'ici la fin de cette campagne qui se poursuivra au moins jusqu'à septembre prochain. Cette reprise effective de la culture de la tomate industrielle sera-t-elle maintenue et développée ? C'est une question qui s'impose d'elle-même d'autant plus que cette filière a connu, durant ces dernières années, des dysfonctionnements à l'origine de la chute de la production de ce fruit qui fut, il y a quelque temps, le filon d'or ayant permis à de nombreux agriculteurs et autres pseudo-fellahs d'amasser beaucoup d'argent pour aller investir dans d'autres créneaux, tels le transport, le commerce, l'industrie, etc. L'absence d'un véritable partenariat entre les producteurs et les transformateurs de tomate a été à l'origine de la récession constatée dans cette filière. Le prix du kilo de la tomate destinée à la transformation, et la qualité du fruit, ont souvent été la pomme de discorde entre les deux protagonistes dans un contexte marqué par le désengagement de l'Etat. Les aléas climatiques et les difficultés d'accès aux crédits pour les agriculteurs ayant des problèmes ont constitué, par ailleurs, d'autres facteurs indirects ayant influé négativement sur l'évolution et la promotion de la filière. Les responsables du secteur de l'agriculture restent persuadés qu'il est possible d'en reprendre le développement à la faveur des opérations de restructuration et de réorganisation que ce créneau est en train de connaître, d'autant plus que la région de Annaba, avec ses 500 producteurs et ses usines de transformation, d'une capacité globale de 1 400 t/jour, a été la pionnière dans ce type de spéculation agricole. La culture de la tomate industrielle en Algérie n'a-t-elle pas démarré dans les années 1920 avec la création de la première conserverie, en l'occurrence Tomacoop, à Annaba, avec El Tarf, Guelma, Skikda et Jijel, qui détiennent à elles seules 85% de la superficie totale réservée à cette culture ? Le reste est réparti entre le Centre (7 %) et l'Ouest (3 %). La production de tomate gagnerait a être améliorée avec l'utilisation de variétés de plants performantes et l'irrigation, ainsi que les variétés hybrides, lesquelles sont à haut rendement, estiment les spécialistes en la matière, insistant, par ailleurs, sur la vulgarisation des techniques culturales de pointe en vue d'augmenter la production. La modernisation du secteur de l'agriculture, qui reste un objectif à atteindre, pourrait exercer un effet d'entraînement sur le développement de la filière, à même de permettre une autosuffisance et une réduction importante des importations de ce fruit en vrac en provenance, notamment, des pays asiatiques.