Un projet de réalisation d'une promotion immobilière privée à la rue Mohamed Hafed par l'Eurl Iridj, du côté du boulevard Frères Bouaouina (ex-Clémenceau), dans la ville de Béjaïa, est contesté par les riverains et un groupe d'associations. D'après Karim Khima, militant associatif, «on a profité de cette période de confinement où les citoyens sont préoccupés par la pandémie pour relancer une nouvelle procédure d'obtention du permis de construire après l'installation du nouveau maire de la ville». Selon lui, «le P/APC dit avoir signé le permis comme tous les responsables qui sont concernés par ce projet, comme la direction de la culture qui semble être dépassée par cette décision qui vient, selon le directeur, du ministère de la Culture». La semaine passée un groupe de militants associatifs a observé un rassemblement sur le site devant recevoir le projet, «un domaine privé de l'Etat», selon les opposants, et qui se trouve à l'intérieur du périmètre sauvegardé de l'ancienne ville qui renferme des vestiges historiques. Le programme, qui consiste en la réalisation «d'un immeuble de 30 logements et de 6 duplex» est projeté, comme il est représenté sur une photo aérienne, dans la zone protégée du secteur sauvegardé de l'ancienne ville qui s'étale sur 70 hectares. Un membre d'une association de quartier et architecte de son état explique qu'il est opposé à ce projet à cause de «beaucoup d'anomalies». «Le terrain, un bien du domaine privé de l'Etat a été cédé pour un médecin qui devait ériger une clinique privée avant qu'il ne soit reversé au profit de ce promoteur». Il précise également qu'«en plus du fait qu'il existe ici des vestiges historiques, on a autorisé le promoteur à y ériger un immeuble à 8 niveaux alors que les anciennes habitations ne dépassent pas R+ 3». Afin de parvenir à annuler le permis de construire, les manifestants ont appelé à l'application de la loi 98/04 du 15 juin 1998 relative à la protection du patrimoine culturel et du décret exécutif n°13/187 du 6 mai 2013 portant création et délimitation du secteur sauvegardé de la vieille ville de Béjaïa. De son côté, le directeur technique de l'entreprise Eurl Iridj, Hakim Zaidi a tenu à apporter un démenti concernant la nature juridique du terrain et à rassurer sur les intentions de son employeur. «C'est un terrain privé, racheté à un autre propriétaire», rappelle H. Zaidi, qui ajoute qu'avant d'entamer les premiers travaux le site est «transformé en un dépotoir d'ordures et un lieu de débauche» et que «sur la rue Mohamed Hafed, il n'y a que des constructions délabrées et des baraques illicites». Ce projet, assure-t-il, «viendra justement pour structurer sur le plan architectural et urbanistique la zone en question». L'orateur dira que «l'arrêté portant permis de construire est légal, et a été établi par une commission qui inclut en particulier la direction de la Culture». Architecte de formation, Hakim Zaidi ne nie pas que le projet sera érigé à l'intérieur du périmètre sauvegardé tout en nuançant : «Le concept du périmètre sauvegardé impose un règlement urbain stricte, la façon de construire et la préservation d'éventuels vestiges du site». A ce propos, il dira que son entreprise n'est «pas venue pour agresser un site à valeur archéologique ou historique». «Nous avons bel et bien trouvé la trace d'un vestige et une commission qui s'est déplacée d'Alger l'a identifié comme étant un segment du mur hammadite et non pas un rempart, et nous sommes déterminés à le préserver», promet-il. Sur le nombre de niveaux autorisé à construire, il affirme qu'il «n'y a aucune contrainte réglementaire qui interdit de construire des habitations collectives» et que «d'anciens bâtiments collectifs de type colonial ou pas érigés dans la même zone dépassent en hauteur les 4 et 5 niveaux».