Dans une lettre signée par sept associations et adressée le 24 septembre dernier aux autortés locales et aux ministères de l'urbanisme et celui de la culture par le collectif des habitants de la rue Bousbissi et du Boulevard des frères Bouaouina, dans l'ancienne ville de Béjaïa, ceux-ci qualifient d'«atteinte au patrimoine culturel de la ville de Béjaïa», la construction par le Groupe Lalaoui, promoteur immobilier, d'un immeuble R+2 sur un terrain qu'ils disent faire partie «d'un secteur sauvegardé de la ville». En rappelant la loi 98-04 du 15 juin 1998 relative à «la protection du patrimoine culturel» et le décret exécutif 13-187 du 6 mai 2013 portant «création et délimitation du secteur sauvegardé de la ville de Béjaïa», le collectif réitère son opposition et se dit soutenu dans sa démarche par «un nombre sans cesse grandissant de citoyens et par les associations qui ont apposé leurs cachets sur la lettre adressée aux autorités». Dans sa lettre en guise de rappel d'une première opposition officielle le 2 mars dernier, le collectif estime en outre qu'il n'est donné aucun écho de la part des autorités à sa démarche visant à faire barrage à une nouvelle construction sur le site en question. Le constat dressé, mentionne-t-on, est qu'«il n'y a eu aucune décision officielle de la part des institutions concernées en vue de faire respecter la loi, et ce, depuis six mois et que ce passe-droit flagrant continue d'alimenter la colère des citoyens». Le collectif pense que cette indifférence des autorités «a permis au promoteur de continuer le viol de la loi, lui offrant ainsi l'occasion de défigurer par le béton deux quartiers historiques de la ville de Béjaïa», peut-on lire dans la lettre. Contacté par nos soins pour en savoir plus, un responsable du Groupe Lalaoui a tenu d'abord à préciser qu'il s'agit d'une construction à usage personnel et non d'une promotion immobilière destinée à la vente. S'agissant des accusations relatives à l'atteinte au patrimoine culturel, le même responsable assure que l'entreprise «est dans la légalité totale». «Nous détenons tous les documents légaux délivrés par les services concernés qui attestent que le terrain est notre propriété, acquis il y a trois ans, ainsi que les papiers autorisant la construction (permis de construire délivré par la direction de l'urbanisme) d'un immeuble en trois entresols avec R+2 dont un duplex et une terrasse». Le responsable affirme, en outre, qu'«à ce jour, l'entreprise n'a été destinataire d'aucune plainte directe de la part des contestataires à propos du projet objet d'opposition». Et d'ajouter que «la pancarte de signalisation du projet a été affichée pendant plus d'une année sans qu'aucune partie ne se soit manifestée pour s'y opposer». Le responsable informe enfin que le permis de construire «nous a été délivré sous réserve de respecter l'architecture du quartier et de construire selon les normes requises».