La Covid-19 a dévoilé l'extrême fragilité de l'économie nationale après vingt ans de règne du régime prédateur de Bouteflika. L'étendue du désastre financier et économique est énorme. Il n'a pas été bien quantifié. Des experts gouvernementaux et des magistrats s'y attellent. Des enquêtes de police sont également menées pour démêler l'écheveau d'une toile bien tissée par une maffia sans foi ni loi, avec à sa tête le frère-conseiller de l'ex-président de la République, Saïd Bouteflika. Ses ramifications avec des organisations criminelles à l'étranger et des banques «offshore» rendent le travail des enquêteurs difficile. La restitution des fonds détournés est une des priorités du président Abdelmadjid Tebboune, selon le porte-parole de la présidence de la République, Belaïd Mohand-Oussaïd, lors de son dernier point de presse. Une opération qui prendra a priori beaucoup de temps et de «paperasses», selon des spécialistes en finance internationale. Le président français, Emmanuel Macron, a signé récemment un décret obligeant les banques à lever le secret bancaire sur certains comptes numérotés et frappés de suspicion. Les banques françaises détiendraient plusieurs centaines de millions d'euros détournés par d'anciens «dignitaires» du régime, parmi lesquels Abdessalem Bouchouareb (en fuite au Liban), sous le coup d'un mandat d'arrêt international, et Ali Haddad, homme d'affaires et ancien président du FCE, actuellement détenu à la prison d'El Harrach. Cette nouvelle mesure prise par le président français pourrait être exploitée par le gouvernement algérien. Un «coup de pouce» inattendu pour une administration peu rompue aux mécanismes internationaux relatifs à la restitution des fonds détournés. L'économie nationale a donc hérité d'une situation qui relève de la haute trahison. Ceux qui en sont responsables doivent subir la peine de prison prévue par la loi, avec la séquestration de tous leurs biens. C'est là l'une des préoccupations majeures des citoyennes et des citoyens exprimée durant toute la durée du hirak «béni». Malgré une situation financière des plus précaires, le gouvernement de Abdelaziz Djerad tente de parer au plus pressé pour combler les déficits budgétaires à travers une loi de finances complémentaire astreignante à cause des augmentations fiscales. Une LFC-2020 certainement impopulaire mais incontournable compte tenu de la baisse drastique des cours du pétrole. La LFC-2021 sera probablement tout aussi contraignante, particulièrement si la pandémie de Covid-19 ne s'estompe pas. L'Etat algérien doit faire face à ce défi majeur de résister à la crise économique tout en protégeant ses citoyens de la propagation du coronavirus qui, malheureusement, enregistre ces derniers jours une hausse inquiétante de cas contaminés. Cependant, le gouvernement ne mobilise pas assez pour non seulement sensibiliser les citoyens sur les mesures de protection, mais également pour l'organisation d'une chaîne de solidarité au profit des chefs de famille, la plupart des artisans, qui ont perdu momentanément leurs emplois. Ils seraient des milliers à se retrouver dans une grande précarité.