La commune d'Aghbalou, située à plus de 1000 m d'altitude à une soixantaine de kilomètres à l'est de Bouira, daïra de M'chedallah, vit d'énormes problèmes en matière de développement. Il n'y a pas que l'oxygène qui manque en cette région de montagne. Le développement local, en toutes ses facettes, n'a pas encore trouvé le chemin menant jusqu'aux villages. La situation, comme certains responsables locaux en témoignent, peine à s'améliorer. Et le bout de tunnel serait encore loin si la volonté de l'Etat consistant à tendre la main à cette commune qui n'a ni ressources ni autre potentialité lui permettant d'espérer des jours meilleurs, ne s'affichait pas. La commune ne dispose pas de terres agricoles ni d'autres terrains qui pourraient servir de zone d'activité. En plus de tout cela, les responsables de l'APC se plaignent aussi de l'insécurité qui sévit dans toute la collectivité. Cette situation est le fruit de l'absence totale des services de sécurité dans la collectivité. Une absence dont on ignore les raisons. Par conséquent, la criminalité à Aghbalou a pris de l'ampleur. Des vols ont été signalés, des agressions commises sur des personnes, parfois cela se passe au grand jour. ` Une assiette de terrain, apprend-on, a été dégagée dans la mesure où la Gendarmerie nationale compte s'y installer. Il y a actuellement à Aghbalou près de 29 500 habitants. Or, un responsable local dit que ce chiffre ne correspond pas à la réalité. Car le recensement de 2008 n'a pas touché toute la population. En outre, le nombre provisoire des habitants peut atteindre les 23 000 âmes. Ainsi, le village de Takerboust serait le plus grand village en Kabylie en terme de densité de la population, avec un nombre de 10 000 personnes. Il serait le seul village en Kabylie à avoir un nombre pareil d'habitants. Le chômage à Aghbalou a atteint son paroxysme. Il n'y a assez de chance d'y dénicher un emploi. Tout simplement, parce qu'il n'y a pas où les jeunes puissent improviser une occupation. « Le jeune d'Aghbalou est victime. Il vit des difficultés qui ne sont pas les mêmes vécues par d'autres jeunes dans d'autres localités de la wilaya. Si, dans d'autres communes, un jeune peut gagner sa vie en vendant des cigarettes ou squatter un coin de rue pour en faire un parking. À Aghbalou, il n'y pourra pas », explique M. Harkat. Selon notre interlocuteur, le chômage dans cette partie de la Kabylie mène souvent au suicide, un épiphénomène de l'indigence et du désespoir. « Cette situation justifie aussi le nombre de cas de suicide qui a été enregistré dans la commune ces dernières années », poursuit-il. Et pour détendre un peu le climat, la municipalité joue la carte du filet social qui, d'ailleurs, n'aboutit pas toujours vu le quota de postes adjugé à la commune. Pour Ali Harkat qui est responsable de ce service, le filet social, c'est le service le plus difficile. « Les jeunes, quoi qu'on leur dise, ils ne sont jamais convaincus », a-t-il dit. Le filet social règle néanmoins beaucoup de problèmes. « Si ce n'était pas le dispositif du filet social, dans lequel des jeunes ont été recrutés, les établissements scolaires de la commune seraient fermés », a affirmé le vice-président de l'APC avant d'ajouter que chaque établissement scolaire (lycée, primaire, collège) emploie de 4 à 5 jeunes dans le cadre du filet social pour une prime mensuelle de 3000 DA. Le logement pose aussi problème à Aghbalou. Des élus ont affirmé qu'aucun projet n'y a été réalisé depuis l'indépendance. La formule de l'habitat rural est jugée en deçà des attentes. Actuellement, il y a près de 1000 dossiers en instance. En revanche, les élus et citoyens demandent des logements construits et viabilisés. « Nous demandons des logements sociaux en quantité dans tous les villages, le terrain est disponible », note un membre de l'exécutif communal. Pour satisfaire la demande, les responsables pensent que « 700 logements pourraient largement suffire ». Concernant le tissu urbain de la municipalité, il y a plus de 600 habitations précaires, selon le dernier recensement effectué en 2008. Idem pour l'eau, cette denrée élémentaire, Aghbalou n'en est pas bien lotie. Certains villages, à l'image d'Ivehlal, Selloum et Ighil Ouchekrid en souffrent malgré qu'ils se situent en pleine montagne où l'eau ne vient pas à manquer. Au niveau de l'APC, on affirme que l'actuel réseau AEP date des années 1970 et nécessite des réfections. Et ce même réseau, apprend-on, a été conçu pour alimenter toute la municipalité. Ce n'était pas le cas, puisque trois localités n'en ont pas encore bénéficié, notamment Selloum, Ighil Ouchekrid et Ivehlal. Il y a quelques mois, la rénovation de l'ensemble du réseau a été entamée. Mais, deux stations sur un total de six ont été concernées par ce projet. Concernant l'acheminement (adduction) de l'eau potable à partir de la source dite El Însar Aberkan, dans la commune de Saharidj, le projet demeure à ce jour bloqué au niveau de Selloum où les villageois se sont opposés et demandent à ce qu'un château d'eau soit réalisé à leur niveau pour pouvoir bénéficier de cette eau. En somme cette commune du terroir kabyle attend toujours un détour des pouvoir publics pour sortir de sa léthargie.