Les feux de forêt ont forcé les autorités à déplacer des missiles, évacuer des enfants des camps de vacances et surveiller des zones présentant un risque nucléaire, alors que Moscou étouffait, vendredi, dans la fumée et la canicule. La vague de chaleur se fait encore plus meurtrière en Russie où 52 personnes sont déjà mortes dans les incendies, qui ne cessent de se multiplier. Aucun répit n'est annoncé, alors que le temps doit rester caniculaire toute la semaine. La fumée acre des incendies a envahi la capitale, pénétrant jusque dans le métro de Moscou... Le président Medvedev a interrompu ses vacances pour réunir dans la capitale le Conseil de sécurité du pays. Une fumée opaque, dense qui prend à la gorge, qui s'infiltre partout... Mercredi 4 août 2010, la visibilité est réduite à deux ou trois cents mètres dans Moscou même. Il fait sombre, les voitures roulent avec phares allumés. L'atmosphère est rendue encore plus étrange par des pannes d'électricité : deux pannes en moins de deux heures mardi, dans un quartier de la capitale. Jamais l'air n'avait été aussi irrespirable à Moscou depuis l'apparition du nuage de fumée, il y a dix jours, et ce n'est qu'un exemple de ce qui se passe un peu partout dans le pays. Les flammes ont gagné du terrain en 24 heures. Trois cents nouveaux foyers, près de 170 mille hectares sont en feu actuellement. Les feux qui ravagent la Russie sont sources de pollutions atmosphériques toxiques, transportées par les fumées. Et l'Europe s'inquiéte. Les pires feux de forêts dans l'histoire de la Russie moderne ont forcé les autorités à déplacer des missiles, évacuer des enfants des camps de vacances et surveiller des zones à risque nucléaire, alors que Moscou étouffait vendredi dans la fumée et la canicule. Le ministère de la Défense a annoncé jeudi soir avoir transféré « vers un endroit sûr » des missiles d'un dépôt de la région de Moscou. Le ministère des Situations d'urgence a indiqué, de son côté, surveiller la situation dans la région de Briansk (sud-ouest), contaminée lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986. Moscou a été à nouveau envahi, hier, par la fumée des feux de tourbières, qui y rendent l'air irrespirable. De plus en plus de passants étaient contraints de se couvrir le visage avec des mouchoirs ou des masques, dont les ventes ont explosé ces derniers jours. La concentration d'oxyde de carbone a dépassé de quatre fois les seuils d'alerte, a indiqué un spécialiste de Mosecomonitoring. Canicule et pollution ont déjà eu de graves conséquences sur la santé publique. Le nombre de décès à Moscou, en juillet, a augmenté de plus de 50% par rapport au même mois de l'année dernière, avec près de 5000 morts supplémentaires imputables à la canicule. Les autorités, après avoir affirmé plusieurs fois qu'il n'y avait aucun risque, ont indiqué en définitive que tous les matériaux radioactifs avaient été évacués du Centre au début de la semaine.