La situation inquiète de plus en plus, à telle enseigne qu'à Blida le plan Orsec «incendies de forêts» a été déclenché. Après une semaine de canicule, les températures vont connaître un rafraîchissement à partir d'aujourd'hui pour les régions de l'ouest et demain après-midi pour les régions du centre. Selon l'Office national de la météorologie (ONM), la température qui sera au cours de la matinée de 36° baissera jusqu'à atteindre les 29° l'après-midi sur le centre du pays. A partir de vendredi, un rafraîchissement sur l'ensemble des régions du nord sera enregistré, selon M.Abdesslam Chougrani, chargé de l'information à l'ONM. La vague de chaleur, qui sévissait depuis samedi dernier sur les régions côtières et l'intérieur du pays, a atteint ou dépassé localement les 40°C. Hier encore, la journée était particulièrement chaude à Alger où la température a atteint les 42°C. Cette chaleur est rendue plus étouffante par les incendies de forêts qui se déclarent ces derniers jours un peu partout sur le territoire national. Par ailleurs, pluies et orages sont prévus à partir de demain dans les régions frontalières de l'extrême sud. Cette activité qui concerne au sud les wilayas de Tamanrasset et d'Adrar, persistera jusqu'à jeudi prochain, précise l'ONM. Les cumuls de pluies estimés atteindront ou dépasseront localement les 30 mm, tandis que les rafales de vent peuvent atteindre les 90 km à l'heure, ajoute-t-on. «La canicule est somme toute normale pour un mois d'août», estime M.Abdesslam Chougrani. Pour lui, les mois d'août se caractérisent généralement par des températures élevées, faisant référence aux mois d'août de 2000 (43°), 1999 (45°) et surtout le pic de 1988 avec 48°. «C'est une situation qui revient cycliquement, les saisons se chevauchent et l'hiver est arrivé tardivement cette année», a-t-il dit. M.Chougrani prédit à l'avenir, des saisons très chaudes en raison du changement climatique. Il faut dire que cette chaleur est difficile à supporter surtout chez les personnes âgées et les malades asthmatiques et cardiaques. Les hôpitaux sont surchargés. Même si aucun cas grave n'a été enregistré à ce jour, le nombre de personnes évacuées vers les différents services de ces structures notamment des urgences a, croit-on savoir, sensiblement augmenté durant cette semaine. La directrice par intérim de de l'hôpital de Kouba a déclaré à l'APS que dans les journées de lundi et mardi 10 asthmatiques ont été évacués à destination de l'hôpital à cause de la canicule. La consommation de l'électricité a aussi enregistré une hausse. D'ailleurs, la demande a atteint un pic de 5885 mégawats. Aussi, des perturbations dans la distribution de l'électricité ont été signalées dimanche soir dans le centre et l'ouest du pays. «Ces perturbations sont dues à une forte demande générée par la canicule conjuguée à l'arrêt de deux groupes de production pour entretien périodique», avait indiqué un communiqué du groupe Sonelgaz. «L'alimentation en énergie électrique est assurée pour l'ensemble des clients», note la société. Contactée hier, la responsable de la communication à la Sonelgaz, Mme Manel Mekidèche, a tenu à préciser qu'il ne s'agit nullement de délestage. «S'il y a eu des coupures d'électricité dans certaines communes d'Alger, le problème est purement lié à la distribution», ajoute-t-elle. Il faut souligner par ailleurs que la vague de chaleur exceptionnelle est à l'origine de nombreux feux de forêts, souvent attisés par des vents assez forts. Les chiffres de la direction générale des forêts (DGF) et ceux de la protection civile concernant les feux de forêts demeurent alarmants. Ainsi, au moins 74 foyers d'incendies plus ou moins importants ont été signalés hier à travers le territoire national par la DGF. Les wilayas les plus touchées durant la journée d'hier par ces sinistres sont Blida (dix sinistres dont quatre éteints), Béjaia, Tipaza, Jijel, Aïn-Defla, Tizi-Ouzou, Boumerdès et Skikda, précise-t-on. Au moins 21.000 hectares de forêts et d'essences diverses ont été ravagés par ces incendies durant ces quatre derniers jours à travers le territoire national. Pour ce qui est des interventions, le responsable de la communication à la protection civile, le lieutenant Nassim Barnaoui, dira qu'elles se sont élevées à une moyenne de 9000-9500 par semaine. A titre d'exemple, durant la période allant du 18 au 24 août, 9 472 interventions ont été enregistrées. La situation est aussi «préoccupante» dans la wilaya de Blida notamment dans le massif de Chréa. D'ailleurs, un plan Orsec «incendies de forêts» a été déclenché. Dans la nuit de mardi à mercredi, de longues langues de feu parcouraient les premiers contreforts de la ville de Blida, juste à la lisière de Bou-Arfa et du douar de Beni-Ali, à près de 10 km de la station climatique de Chréa. Une opération d'évacuation vers la ville de Blida a été également décidée, comme mesure de prévention, au profit des habitants de ces deux localités, dont les hauteurs ont été atteintes par les flammes. Le wali de Blida, M.Hocine Ouadah, a annoncé dans un point de presse que quatre foyers d'incendies ont été éteints sur les dix déclarés, et d'ajouter que près de 500 sapeurs-pompiers aidés par des agents des forêts sont actuellement à pied d'oeuvre pour lutter contre ces feux mais aussi contre d'autres foyers encore actifs. Des renforts ont été par ailleurs dépêchés des wilayas d'Alger, Boumerdès, Médéa, Aïn-Defla, Tipaza, Chlef et Bouira vers les zones ravagées par les incendies, a encore souligné le wali de Blida, selon lequel il s'agit des plus importants feux de forêts connus par la wilaya depuis ceux de 1983. D'autre part, le chef de l'exécutif de Blida a indiqué qu'un départ de feu «suspect» s'est déclaré vers 22 heures, toujours près des piémonts de Chréa. «Une enquête a été ouverte» sur ce départ de feu, a-t-il précisé. Sapeurs, pompiers et agents des forêts luttent actuellement sur plusieurs fronts pour éteindre ces foyers d'incendie dont les fumées qui s'en dégagent ont réduit la visibilité près de la ville de Blida et obscurci le ciel, alors que les massifs de Chréa ont «presque disparu». Le wali de Blida n'a cependant pas donné de bilan sur l'ampleur des dégâts matériels, indiquant seulement qu'il n'y a aucune perte humaine.