Depuis le début du mois, la tendance est à la baisse, mais la situation ne pousse pas à l'optimisme. La crainte d'une nouvelle vague semble justifiée. S'il n'y pas encore de cohue dans les commerces, l'affluence dans les services publics, ceux de l'état civil en particulier, soulève des inquiétudes. La première phase de déconfinement entamée dimanche était imperceptible à Constantine, particulièrement en centre-ville où rares sont les enseignes ouvertes. A contrario, le commerce informel est très visible. Situation qui contraste avec la nouvelle ville Ali Mendjeli, El Khroub et Aïn Smara, où bon nombre de commerces ont repris leurs activités. Une reprise qui n'est pas vue d'un bon œil en raison des comportements irresponsables. «Faudrait qu'il y ait eu confinement au préalable», s'offusque-t-on sur les réseaux sociaux. Mais il n'y pas que le citoyen lambda, des professionnels de la santé, dont certains affectés aux services Covid, émettent des réserves sur ce déconfinement au vu du nombre de cas confirmés ou suspects recensés au quotidien. «Quand on voit défiler chaque jour une quinzaine de cas, on s'interroge sur l'opportunité d'un tel déconfinement», témoigne un praticien du centre de référence de Didouche Mourad, qui vient d'enregistrer la confirmation à la Covid-19 d'une femme médecin du service des urgences. Un autre épidémiologiste en première ligne dans la lutte anticoronavirus n'a pas caché son désappointement de ne pas voir instaurer un confinement total après le 30 mai. Le relâchement de la population et les transgressions faites aux mesures de protection et au couvre-feu alarment plus d'un. Depuis le 28 mars, plus de 6900 infractions liées au non-respect des mesures de confinement partiel ont été recensées par les services de la sûreté. Constantine est toujours un foyer actif de la transmission de l'épidémie, insiste-t-on en milieu hospitalier. La wilaya occupe depuis plusieurs semaines la 5e place sur la liste des régions les plus affectées par l'épidémie. Elle est on ne peut plus ciblée par les enquêtes épidémiologiques lancées par le ministère de la Santé. En effet, la tutelle, sur proposition du conseil scientifique, a adopté cette approche sanitaire dans 10 wilayas pour y examiner l'évolution de la courbe avant l'application de la deuxième phase du plan de déconfinement. «C'est une mission méticuleuse qui nécessite précision et suivi. Il faut chercher les sujets contacts, les identifier et les isoler», nous explique une infectiologue attachée au service Covid du centre hôpital- universitaire. Pour ce faire, il a été procédé au renforcement des équipes des services épidémiologique et de médecine préventive. Identification des cas contacts C'est à ces dernières que revient la charge de l'identification de l'ensemble des cas contacts, les dépister et les soumettre aux mesures de prévention appropriées. «Dès qu'une personne est dépistée positive au coronavirus, l'enquête épidémiologique est aussitôt enclenchée. Les contacts sont identifiés sur la base des informations fournies par le malade. Ensuite, le service de la médecine préventive de la structure sanitaire située à proximité du lieu de domiciliation est saisi. C'est lui qui prendra le relais pour le suivi quotidien des cas contacts», détaille notre interlocutrice. «Cette stratégie aura pour but d'interrompre, de façon durable, la chaîne de transmission, faute de quoi on pourrait assister à la persistance d'une transmission résiduelle susceptible d'être à l'origine de nouvelles vagues», a précisé le ministre de la Santé concernant lesdites enquêtes épidémiologiques. En attendant les résultats, Constantine, qui a enchaîné l'enregistrement de nombres cas de contamination à deux chiffres durant le mois de mai, est à 485 cas, selon le décompte officiel de dimanche. Depuis le début du mois, la tendance est à la baisse, mais la situation ne pousse pas à l'optimisme. La crainte d'une nouvelle vague semble justifiée. S'il n'y pas encore de cohue dans les commerces, l'affluence dans les services publics, ceux de l'état civil en particulier, soulève des inquiétudes. Le non-respect flagrant des gestes barrières et du port du masque font craindre le pire.