Des citoyens bénévoles ont initié, malgré la crise sanitaire, des opérations d'embellissement qui ont donné des couleurs et de la beauté à leurs villages avec en prime une enviable touche artistique. La crise sanitaire et le confinement qu'elle impose n'ont pas empêché les citoyens d'être aux petits soins de l'espace public, loin des campagnes de sensibilisation ou de désinfection à l'eau javellisée ou chlorée. Des initiatives d'entretien et d'embellissement sont prises dans plusieurs localités par des citoyens, encadrés souvent par le mouvement associatif et organisés autour d'une multitude d'actions de volontariat qui éclipsent le climat de l'épidémie. A Tizi Ahmed, dans la commune de Tichy, l'on s'est donné de la peine pour réhabiliter la fontaine publique, que l'on désigne par le nom de Tala Harma, avec faïences, tuiles et coups de pinceau, depuis l'accès qui y mène jusqu'à son bassin. Même si l'endroit a un peu perdu de son authenticité que lui attribuait, entre autres, la pierre qui l'abritait et entourait, il prend néanmoins un coup de jeune qui le valorise autrement. Agréable à voir, Tala Harma respire la vie. Espace d'eau commun, la fontaine a acquis une importance capitale en kabylie jusqu'à constituer un référent culturel de valeur, régi dans les usages coutumiers par des règles. Les habitants du village Amalou, également à Tichy, se sont occupés, eux aussi, de leur fontaine, Tala n Tursuth, en la retapant. Dans la même commune, chez les Aït Melloul, le volontariat a aussi fait naître des actions d'intérêt commun. Outre la plantation d'arbres aux abords de la route, des jeunes, particulièrement engagés pour l'intérêt de la nature et de leurs concitoyens, se sont mobilisés pour raccommoder un abribus délabré au village Bouamer, qu'ils ont faïencé, crépi, peint et dont ils ont même construit une rallonge de bancs. Dans la commune de Timezrit, les jeunes du village Ighzer Elkebla ont mis une touche artistique dans des travaux d'embellissement, entamés au lendemain du dernier aïd. En plus de la construction d'un escalier par les moyens des villageois, les bénévoles ont orné des murs avec des fresques. De petites réalisations avec peu de moyens mais qui offrent tant d'utilité et de beauté au village et à ses habitants. A Semaoun, l'effort de tiwizi, le volontariat, qui continue, est sanctionné par un décor qui surprend le visiteur. Des endroits ont refait peau neuve, transformés en de belles œuvres d'art exposées à ciel ouvert, fruit d'une mobilisation citoyenne généreuse. Parmi les dizaines de volontaires, dont même des enfants, se trouvent des mains expertes qui ont réalisé des fresques auxquelles ont été mêlés des symboles de la culture amazighe, à l'exemple de la cruche et de la jarre. Comme un travail d'abeilles, les bénévoles ont transformé les rues de leur village en une dynamique ruche humaine où chacun a apporté sa pierre à l'édifice. Les volontariats du genre ne manquent pas dans les quatre coins de la wilaya, voire dans toute la région de la Kabylie. Il faut dire que le concours du village le plus propre de la wilaya de Béjaïa, organisé par l'APW après ceux de Tizi Ouzou et Bouira, a poussé à davantage d'implication en suscitant un engouement parmi de nombreux comités de villages et de quartiers. L'annonce des lauréats a été, pour rappel, retardée pour cause de la crise de la Covid-19. Ce contretemps sanitaire permettra-t-il à l'APW de donner une chance de participation aux retardataires qu'elle pourra intégrer dans la course au podium ?