Les opinions publiques africaines face à la crise de la Covid-19.» C'est l'intitulé d'une récente enquête d'opinion menée par le cabinet international Deloitte, l'institut de sondage OpinionWay et l'agence conseil 35° Nord, dans huit pays africains. C'est le «premier sondage réalisé en Afrique sur la perception de la pandémie de Covid-19», souligne le communiqué résumant les résultats de ce sondage, et dont El Watan a reçu une copie. Et ce qui ressort d'emblée de cette enquête, c'est que «les principales craintes des populations africaines face à la pandémie de Covid-19 sont d'abord économiques et sociales». Cette enquête d'opinion a été réalisée, faut-il le signaler, entre le 2 et le 14 mai 2020 «auprès de 4017 personnes – 500 en moyenne par pays – représentatives de la population âgée de 18 ans et plus». Les pays concernés par cette étude sont : l'Algérie, l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Maroc, la Côte d'Ivoire, l'Ethiopie, la République démocratique du Congo et le Nigeria. «60% des personnes interrogées estiment que la situation économique de leur pays va se dégrader et 12% qu'elle ne va pas changer», indique cette étude. En outre, «53% anticipent également une détérioration de la situation de leur entreprise ou de leur situation professionnelle», et «54% (…) redoutent un affaiblissement de leur situation financière personnelle». L'enquête nous apprend, par ailleurs, que «les individus disposant des plus faibles revenus sont plus enclins à penser que leur situation financière professionnelle va se dégrader (59% contre 49% pour ceux dont les revenus sont les plus élevés), à l'instar de ceux habitant en zone rurale (60% contre 49% en zone urbaine)». Dans le cas de l'Algérie, l'étude Deloitte-OpinionWay-35°Nord révèle que «45% des Algériens considèrent que leur activité professionnelle va se dégrader dans les prochains mois contre 53% dans l'ensemble des pays de l'enquête». Elle note ainsi que nos compatriotes sont «plus optimistes que la moyenne concernant leur activité professionnelle». Evaluant la gestion de la pandémie par les autorités des pays concernés, l'étude assure que «82% (des personnes interrogées, ndlr) sont pour le confinement» et «81% pour le couvre-feu». L'enquête estime que, dans l'ensemble, il y a eu «un fort niveau d'adhésion aux mesures de prévention» qui ont été prises «pour limiter les effets de l'épidémie». Le sondage constate cependant qu'«en dépit de la réactivité des gouvernements, des inquiétudes très précises sur les conséquences de la crise se dessinent néanmoins. Ainsi, 54% des personnes interrogées redoutent une crise alimentaire et 84% une augmentation de la pauvreté». L'étude poursuit : «82% des personnes interrogées en Afrique du Sud jugent ce risque ‘‘important'' (dont 56% ‘‘très important''), 78% au Nigeria (68% ‘‘très important''), 63% en Côte d'Ivoire, 66% en Ethiopie et 59% en RDC». Et de préciser : «Ces craintes portent essentiellement sur des denrées de première nécessité, comme le riz (23%), la farine (17%), les légumes (13%), ou l'huile (11%).» Une autre question portait sur les craintes suscitées par les risques de propagation de l'épidémie. A ce sujet, le sondage relève que «le niveau d'inquiétude concernant la contamination par le coronavirus est de 81% (64% sont très inquiets et 17% assez inquiets)». En Algérie, «le niveau d'inquiétude concernant la propagation de la Covid-19 est plus élevé (86%) que la moyenne de l'enquête (81%)». Il convient toutefois de rappeler que l'enquête a été réalisée, comme nous l'indiquions, entre le 2 et le 14 mai, soit dans un contexte où les niveaux de contamination au nouveau coronavirus étaient plus importants, et les appréhensions, forcément, plus fortes.