Installée sur le littoral d'El Achouat, dans la commune de Taher, la centrale thermoélectrique, en activité depuis une vingtaine d'années, continue de susciter la polémique concernant d'éventuelles répercussions négatives sur la faune et la flore marine, particulièrement chez les pêcheurs de Jijel. Le monde de la pêche n'est pas tendre avec ce mastodonte de production d'électricité. La rareté du poisson est imputée à cette centrale qui, assurent-ils, influe négativement sur le milieu naturel. Questionné à ce propos, Karim Brahimi, patron pêcheur à Jijel, qui encourage la création de l'aire marine protégée, nous dira qu'il y a plusieurs facteurs à l'origine de la rareté du poisson. Il citera, entre autres, la surpêche, le non-respect des zones, la multiplication des barrages sur les oueds, et bien sûr la pollution. Outre les rejets d'eaux usées, ce sont des tonnes de déchets (sachets, bouteilles, filets abandonnés…) qui sont repêchés chaque année. Pour ce qui est de la centrale, s'appuyant sur des documentaires scientifiques vus à la télévision, il nous répondra que l'impact est consécutif aux rejets de l'eau chaude et du bruit. Ces impacts renforcent sa conviction que l'aire marine protégée sera bénéfique au monde de la pêche. Elle sera, dira-t-il, une protection de la ressource et de la flore marine, un lieu pour la fécondation, un refuge et un espace où le poisson sera stocké. Pour le pêcheur, le problème ne se pose pas puisque le poisson se déplace. À ce propos, nous avons voulu avoir l'avis d'un spécialiste, en l'occurrence Mohamed Kacha, enseignant à l'Enssmal (ex-Ismal). Pour ce dernier, il est clair que l'eau chaude est problématique. « Ca impacte sur l'environnement naturel », dit-il. Selon lui, « beaucoup d'espèces ne supportent pas l'eau chaude, et elles vont la dégager ». A contrario, ce rejet d'eau chaude va « favoriser la prolifération d'autres organismes, comme les moules ». À partir du moment où elles commencent à émettre de l'eau chaude, explique-t-il, toutes les centrales en souffrent. Il y a des moules qui vont s'installer et les conduites seront bouchées, ce qui nécessitera l'utilisation d'un ciment spécial. « De l'eau chaude émise artificiellement en permanence dans l'eau, la faune et la flore du coin en pâtiront », a-t-il conclu. Pour ce qui est de l'aspect lié au bruit, notre interlocuteur est catégorique : l'impact est aussi établi. M. Kacha explique que le bruit est transporté plus rapidement dans l'eau que dans l'air. « Le poisson se lève à cause du bruit, c'est le principe même du chalutier », précise-t-il. Un troisième aspect sera abordé par notre interlocuteur. Il s'agit de l'opération de désalinisation. Une question se pose à ce propos : où est mis le sel ? S'il est rejeté dans la mer, M. Kacha assure que le site aquatique sera saturé en sel. Et quand c'est saturé, le poisson fuit, parce qu'il n'est pas suicidaire. Pour le poisson tout est simple : quand le milieu ne lui convient pas, il va ailleurs, et le pêcheur ne le trouvera plus. C'est dire la nécessité d'engager une réflexion sur le sujet afin de trouver des solutions aux problèmes résorbables.