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Kabylie, les P/APC entre bureaucratie et insécurité
Publié dans El Watan le 13 - 08 - 2010

Guerouabi Boualem, P/APC Keddara : La confiance en point de mire
Guerouabi Boualem a été élu en 2007 sur la liste du FLN maire de Keddara, une commue rurale relevant de la daïra de Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès. Agé de 45 ans, il est père de 4 enfants. Ancien instituteur, il sera d'abord adjoint du maire durant le mandat 2002-2007. Ses adversaires politiques lui reconnaissent une « patience inébranlable ». Pour ce qui est de sa fonction de P/APC, M. Guerouabi estime que « lorsqu'on est candidat à ce poste, on a beaucoup d'ambitions, mais une fois élu, on se rend compte de l'impossibilité de les réaliser toutes, vu l'écart entre les besoins exprimés par les citoyens et les programmes de développement accordés aux communes ». Toutefois, « cela n'empêche pas de satisfaire, dans la mesure du possible, les demandes des citoyens », nuance-t-il. Concernant la menace terroriste qui pèse sur les maires dans la wilaya de Boumerdès, notre interlocuteur, tout en se disant très affecté par l'assassinat le week-end dernier du
P/APC de Baghlia, une commune à l'est de la wilaya, affirme que sa municipalité est l'une des plus paisibles. « Hormis le délestage, cet été, d'un patriote de son arme, aucun autre incident ne s'est produit sur le territoire de la commune depuis l'arrivée de l'assemblée actuelle, voire des années avant », a-t-il indiqué. Non sans avertir : « La vigilance doit être toujours de mise. » Cependant, il a subi une autre forme de violence : l'agression par un jeune citoyen de la localité. « Le 9 novembre 2009, vers 8h30, en descendant de ma voiture, pour m'enquérir de la présence de jeunes écolières au niveau de l'arrêt de bus de la ville à une heure où elles étaient censées être en classe, un individu m'a surpris avec un coup de bâton sur la tête. Mon agresseur était un bénéficiaire d'un local à usage commercial qui était venu la veille à l'APC réclamer un local qui a été déjà attribué à un autre demandeur. Mon agresseur a écopé d'une peine de 6 mois de prison ferme. » M. Guerouabi réclame, par ailleurs, « la confiance des citoyens en leurs élus. Car leurs préoccupations sont les nôtres. » En outre, « les pouvoirs publics doivent aider les localités rurales déshéritées, comme la nôtre pour amorcer une dynamique développement sur tous les plans et mettre, par conséquent, un terme à l'exode rural », conclut-il.
Mohand Boukhtouche, maire de Souamaâ : Un homme au service du citoyen
Mohand Boukhtouche est maire de Souamaâ, une commune située à 42 km au sud-est de Tizi Ouzou, depuis les élections municipales de novembre 2007. Notons qu'il avait été élu aussi, en 2005, lors des élections partielles en Kabylie, comme membre de la même collectivité pour un mini mandat de deux ans. Il fait face aujourd'hui, avec les autres élus de sa municipalité, aux multiples problèmes que vivent les 14 000 habitants de sa commune. Agé de 40 ans, cet ingénieur d'Etat en électrotechnique essaye, dit-il, d'œuvrer à l'amélioration du cadre de vie des citoyens de sa commune. Cette dernière se morfonde malheureusement dans plusieurs contraintes qui piétinent continuellement le développement de la région. « Nous essayons toujours de faire de notre mieux pour arracher des projets pour notre commune, mais malheureusement nous butons contre des problèmes de foncier. Nous n'avons pas de parcelles de terrain pour implanter des infrastructures de base. Notre commune est très pauvre. Elle est dépourvue de plusieurs établissements publics.
Elle ne dispose pas également d'entreprises. C'est pour cela que la collectivité n'a pas de recettes fiscales pour donner, un tant soit peu, un coup de pouce à l'activité économique », nous a explique ce maire issu de la liste du FFS. Il estime également que l'élu n'a pas de prérogatives pour agir en tant que premier magistrat de la commune. Il évoque, à titre d'exemple, la réquisition des corps de sécurité. « Dans notre commune, il n'y a pas un problème d'insécurité particulier, mais toujours la police communale ne dépend pas de l'APC. Le maire ne peut pas réquisitionner ce corps de sécurité même s'il y a quelque chose. Il n'a pas un droit de regard en tant que premier magistrat de la commune », nous a souligné cet ancien gérant d'une maison d'édition dans la ville de Tizi Ouzou. Pour lui, les lenteurs des services de l'administration pénalisent beaucoup le citoyen, surtout quand il s'agit des projets qui relèvent du sectoriel. « La procédure est trop compliquée pour avoir un projet pour la commune. Les responsables de l'administration n'ont pas de mandat limité pour la réalisation des projets, alors que l'élu doit respecter les engagements qu'il a donnés à la population lors de la campagne électorale », nous a-t-il affirmé. Par ailleurs, notons que Mohammed Boukhtouche est également élément actif dans le mouvement associatif. Il est actuellement président de l'association Issegh de Souamaâ qui vient d'organiser le forum des associations culturelles à Tigzirt.
Meziane Amara, P/APC d'Ath Zekki : Un maire dévoué
Elu sur la liste du RCD à la tête de l'APC d'Ath Zekki, une commune rurale, située à 75 km au sud-est de Tizi Ouzou, Meziane Amara est armé de bonne volonté pour servir, dit-il, au développement de sa localité. « Je me suis porté candidat lors des élections locales de 2007 pour servir le citoyen de cette région déshéritée et pauvre qui connaît de plus en plus l'exode de la population et particulièrement de l'élite de la région. Je suis ici, car avant de devenir maire, j'étais aussi dans le comité de mon village », nous dira cet ingénieur d'Etat en électrotechnique. Né le 7 juillet 1961, à Seddouk, dans la wilaya de Béjaïa, ayant suivi le palier d'enseignement secondaire au lycée d'Akbou et des études supérieures au campus de Oued Aïssi de l'université Mouloud Mammeri de Tizi, cet ancien footballeur à l'ORB Akbou revient à sa commune. « J'ai terminé mes études en 1990.
Dans un premier temps, j'assurais des vacations à l'université, puis j'ai travaillé quatre ans comme enseignant de mathématiques au lycée, avant de partir à Oran pour exercer dans un bureau d'études. Puis, j'ai créé ma petite entreprise dans le domaine du bâtiment », a ajouté ce père de quatre enfants. Il déplore, par ailleurs, les lenteurs auxquelles sont confrontés les présidents d'APC des communes rurales. « C'est difficile de convaincre le citoyen que les retards dans les réalisations des projets affectés à la commune n'incombent pas à notre collectivité, mais aux services techniques de l'administration connue pour ses lenteurs dans le traitement des dossiers. Notre commune est pénalisée. La mairie fonctionne avec un seul véhicule de service, alors que le siège de notre daïra, Bouzguène, est situé à 17 km. Donc, si un fonctionnaire de l'APC part en mission, on reste sans véhicule », relève cet ancien délégué de la coordination d'Ath Zekki dans le mouvement citoyen des archs. Notons aussi que la commune d'Ath Zekki, qui regroupe 3884 habitants répartis sur 8 villages, souffre toujours le martyre, surtout en période de neige, étant donné qu'elle est perchée sur les hauteurs de la montagne. « En hiver, les conditions de vie dans notre région sont très rudes », nous a expliqué Meziane Amara.
Mohamed Mokhtari, vice-président de l'APC de Maâtkas : Un élu à l'écoute de la population
Après une carrière de cadre de l'éducation nationale, enseignant puis directeur d'école primaire, Mohamed Mokhtari se porte candidat, en 2007, sous la couleur politique du FLN, aux élections municipales dans la commune de Maâtkas, au sud de Tizi Ouzou, où il occupe actuellement le poste de premier vice-président d'APC. Le maire étant en congé, ces jours-ci, M. Mokhtari assure ainsi l'intérim. Cet ancien instituteur fait face aux doléances d'une population de 32 000 habitants répartis sur 45 villages qui souffrent d'un manque criant en matière d'infrastructures publiques. « Il y a énormément de difficultés pour pouvoir réaliser certains projets dans notre commune. Outre l'insuffisance des budgets alloués par l'Etat à notre collectivité, nous faisons face à un manque de moyens pour améliorer le cadre de vie de nos villages. Notre commune est pauvre. Elle n'a aucune ressource susceptible de générer des postes d'emploi. Elle ne subsiste que grâce aux petites subventions de l'Etat. D'ailleurs, le chômage a atteint des proportions alarmantes à Maâtkas. Nous avons beaucoup de dossiers en instance au niveau de la direction de l'action sociale (DAS) pour le recrutement dans le cadre de l'IAIG, notamment », nous dira Mohamed Mokhtari qui estime, par ailleurs, que sa commune est marginalisée par le pouvoir central. « Ce n'est pas facile de convaincre le citoyen que ce n'est pas l'APC qui décide d'octroyer des projets pour tel village ou tel autre. Donc, on fait toujours face à des situations très délicates. L'APC travaille en fonction des moyens dont elle dispose », nous a-t-il ajouté. Exerçant dans une localité qui a payé un lourd tribut durant la décennie noire et qui a défrayé également la chronique, ces dernières années, par le nombre important de kidnappings enregistré dans la région, ce quinquagénaire estime que « la situation sécuritaire ne m'a jamais empêché de travailler et d'assurer pleinement ma mission de membre de l'exécutif communal ». Père de quatre enfants, Mohamed Mokhtari a entamé sa carrière politique très jeune. Durant les années 1980, il avait fait déjà un mandat d'élu à l'Assemblée populaire communale de Maâtkas, alors qu'il n'avait que 25 ans. Aujourd'hui, il revient, dit-il, pour contribuer au développement de sa municipalité. Il a de l'ambition, mais les moyens font malheureusement défaut. « Nous avons beaucoup de perspectives pour faire sortir la commune du marasme dans lequel elle se trouve depuis des lustres, mais malheureusement, avec les maigres budgets qui lui sont alloués, nous ne pouvons rien faire », a-t-il conclu.
Hafid Azzouzi, Yacine Omar


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