Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé hier une «interférence étrangère ayant atteint des niveaux sans précédent» en Libye, avec «la livraison d'équipements sophistiqués et le nombre de mercenaires impliqués dans les combats». S'exprimant lors d'une visioconférence ministérielle du Conseil de sécurité, Antonio Guterres a notamment exprimé son inquiétude sur le regroupement de forces militaires autour de la ville de Syrte, située à mi-chemin entre Tripoli à l'ouest et Benghazi à l'est. Les forces du gouvernement d'union libyen (GNA), basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, «avec un soutien externe significatif, continuent leur avancée vers l'est et sont maintenant à 25 km à l'ouest de Syrte», a-t-il relevé. Dans le passé, les forces du GNA ont tenté à deux reprises de prendre la ville, a précisé le chef de l'ONU. Soutenu par la Turquie, le GNA est opposé aux forces du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen, notamment appuyé par l'Egypte et les Emirats arabes unis. «Nous sommes très préoccupés par la concentration militaire alarmante autour de la ville et le haut niveau d'interférence étrangère directe dans le conflit en violation de l'embargo sur les armes décrété par l'ONU, les résolutions du Conseil de sécurité et les engagements pris par les Etats membres à Berlin» en janvier, a insisté Antonio Guterres. Il n'a désigné aucun pays en particulier. Le secrétaire général a aussi indiqué que les discussions menées par l'ONU avec des représentants militaires des deux parties portaient notamment sur «le départ des mercenaires étrangers», une «coopération antiterroriste», un «désarmement et une démobilisation» ainsi que sur «la possibilité d'un mécanisme de cessez-le-feu». Il a aussi évoqué, sans donner de détail, la possibilité de créer une «zone démilitarisée», dont le contrôle serait confié à la mission de l'ONU présente en Libye. La présence en Libye de mercenaires russes et syriens (affiliés au régime syrien pour ceux combattant avec les troupes de Haftar, et relevant de l'opposition pour ceux présents aux côtés des forces du GNA) a été souvent évoquée depuis le début de l'année. Les dernières activités militaires au sud de Tripoli et dans la région de Tarhouna se sont traduites par la fuite de près de 30 000 personnes, portant le nombre de déplacés internes en Libye à plus de 400 000, a aussi déploré le chef de l'ONU.