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Il faut faire impliquer les populations riveraines dans ce projet Nadia Brague Bouragba. Maître de recherche à l'Institut national de recherche forestière, station de Djelfa
-Quelles sont les erreurs commises dans le passé et qu'il ne faut pas reproduire dans cette nouvelle démarche? Les erreurs commises au niveau du Barrage vert dans le passé sont ,à notre avis, d'abord le choix de l'essence à planter (pin d'Alep), qui exige des conditions favorables dans les zones semi-arides et arides en tant que reboisement, comme le sol (sans dalle calcaire ou du moins dans les sols calcaires une adition de sable pour éviter que le calcaire, sous l'effet de la pluie, se referme sur les racines. Puis l'origine des semences qui ont été récoltées de partout, alors qu'il faut que les semences soient de la même région où se fait la plantation. Puis vient aussi la monoculture à base d'une seule espèce qui, par la suite, a causé des dégâts répétitifs suite aux attaques de la chenille processionnaire. Il faut éviter le manque d'entretien, très coûteux pour des superficies qui dépassent les moyens (humains et matériels) des conservations des forêts au niveau des wilayas. Enfin, le peu d'intérêts que représente le pin d'Alep pour les riverains qui le qualifient d'envahisseur pour leur terre de pâturage. -Que proposez-vous comme chercheur pour ce barrage ? Le Barrage vert, vu son ampleur en matière de surface, doit répondre aux impératifs non négociables : le premier objectif doit être écologique, c'est-à-dire, reboiser pour protéger le sol de l'érosion hydrique et éolienne, pour adoucir le climat de l'aridité et la sécheresse, pour protéger la biodiversité et l'enrichir par la remontée biologique des espèces autochtones, reboiser pour relancer une économie verte en plantant des arbres utiles pour les habitants de la steppe, éradiquer la pauvreté et booster une agriculture à moindre coût (arbres fruitiers rustiques). Un impact socio-économique positif doit être perçu à travers ce projet, en impliquant les populations riveraines dans ce projet. -Comment faut-il procéder cette fois-ci? Avant tout, la politique de plantation est soumise à la règle de «planter utile», mais dans cette vision du projet de l'extension du Barrage vert, à notre avis, on voit déjà trois composantes dominantes en matière de territoires et de nature des terres dans cet étendue de steppe et le long de l'Atlas saharien dont la gestion est différente pour chaque cas de figure. D'abord, il y a les terres ou territoire domanial, puis les terres ou territoire communal et enfin les terres ou exploitations privées. Pour chaque composante, le choix des espèces, la gestion et l'entretien est différent et dépend aussi de la manière dont interviennent les riverains par rapport à ces plantations. Mais dans tous les cas de figure, l'Etat, à travers ses institutions (les services forestiers, les services agricoles, le haut commissariat à la steppe,..) doit assurer la pérennité des reboisements et en collaboration avec les habitants de la steppe rendre ce projet grandiose une réussite en matière de développement durable et un acquis écologique en matière de protection de l'environnement. Propos recueillis par Nassima Oulebsir