La Chine a accusé hier les Etats-Unis de «saboter la paix et la stabilité régionales», rapportent les médias citant un communiqué de l'ambassade de Chine aux Etats-Unis. Réaction qui intervient après les déclarations du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, considérant les revendications territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale comme «illégales». «Cette accusation est totalement injustifiée», a fustigé, dans un communiqué, l'ambassade de Chine aux Etats-Unis, ajoutant que «la partie chinoise s'oppose fermement» à ces propos. Le chef de la diplomatie, Mike Pompeo, a prévenu lundi que les Etats-Unis considéraient les revendications territoriales de la Chine en mer de Chine méridionale comme «illégales», accentuant la pression sur Pékin. «Les Etats-Unis défendent l'idée d'une région indo-pacifique libre et ouverte. Aujourd'hui, nous renforçons la politique des Etats-Unis dans une zone vitale et disputée de cette région : la mer de Chine méridionale», a indiqué le secrétaire d'Etat américain dans un communiqué. «Nous le disons clairement : les revendications de Pékin sur les ressources offshore dans la plus grande partie de la mer de Chine méridionale sont complètement illégales, de même que sa campagne d'intimidation pour les contrôler», a-t-il ajouté. Il a rappelé qu'un tribunal de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye a jugé en 2016 que la Chine n'a pas de base légale pour revendiquer des «droits historiques» sur cette zone. «La décision du tribunal arbitral est définitive et elle a force exécutoire pour les deux parties», a-t-il conclu. «Le monde ne permettra pas à la Chine de traiter la mer de Chine méridionale comme son empire maritime.» Les Etats-Unis rejettent depuis longtemps les revendications de la Chine sur la quasi-totalité des îlots et récifs de la mer de Chine méridionale face aux pays riverains (Malaisie, Vietnam, Philippines, Bruneï). Le Pentagone a dénoncé début juillet des exercices militaires chinois autour de l'archipel disputé des Paracels, revendiqué par la Chine, le Vietnam et Taïwan. Plus que les Paracels, c'est l'archipel des Spratleys, plus au sud, qui cristallise l'essentiel des tensions maritimes régionales: les prétentions des différents voisins s'y chevauchent. Alors que les Etats-Unis s'abstiennent jusque-là de prendre position dans les différends territoriaux dans cette région, se contentant d'y affirmer la «liberté de navigation», Mike Pompeo a explicitement pris parti pour les Etats riverains de la Chine. Ainsi, les récifs Mischief et Second Thomas Shoal «tombent sous la juridiction et les droits souverains des Philippines», conformément au jugement de 2016, a-t-il soutenu. L'autre écueil Par ailleurs, Pékin a annoncé hier son intention de prendre des sanctions contre le groupe américain d'armement Lockheed Martin, quelques jours après que les Etats-Unis ont approuvé un contrat potentiel de 620 millions de dollars (545 millions d'euros) pour la modernisation de missiles destinés à Taïwan, alimentant encore les tensions entre les deux pays. Cette possible vente d'armement militaire concerne des missiles Patriot Advanced Capability-3, et permettrait à l'île d'accroître encore ses capacités de défense alors que la Chine resserre son étau. La Chine «s'oppose fermement aux ventes d'armes américaines à Taïwan», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian, lors d'un point presse, pressant Washington d'admettre que Taïwan fait partie de «la grande Chine». Les Etats-Unis devraient «arrêter les ventes d'armes à Taïwan et mettre fin à tout lien militaire avec l'île, pour ne pas davantage mettre à mal les relations entre la Chine et les Etats-Unis, ainsi que la stabilité du détroit de Taïwan», a ajouté le porte-parole. Le ministère des Affaires étrangères taïwanais a pour sa part rétorqué qu'il «condamnait fermement les menaces irrationnelles et grossières» de la Chine envers les annonces des Etats-Unis. «Il est nécessaire à Taïwan d'acquérir de l'équipement militaire à l'étranger pour renforcer ses capacités de défense et ainsi maintenir la paix dans le détroit de Taïwan», a déclaré sa porte-parole Joanne Ou dans un communiqué. «Il est légitime de chercher à défendre notre souveraineté nationale, notre système démocratique», a-t-elle ajouté. Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine se sont encore approfondies alors que les adversaires se battent sur tous les fronts: depuis l'établissement de l'origine de l'épidémie de coronavirus, à la politique de la Chine à Hong Kong, en passant par le Tibet et le Xinjiang. Taiwan est gouvernée séparément du continent depuis 1949, quand les nationalistes chinois s'y sont réfugiés après leur défaite face aux communistes à la fin de la guerre civile, mais Pékin considère toujours l'île comme faisant partie de son territoire. Alors que Washington a rompu tout lien diplomatique avec Taipei en 1979, il reste le principal pourvoyeur d'armement de Taïwan. Zhao Lijian a assuré que la Chine allait sanctionner Lockheed Martin «pour protéger ses intérêts nationaux». L'an passé, la Chine a déjà menacé de sanctions des groupes américains liés à la vente d'avions de combat à Taïwan, invoquant les interférences dans ses affaires internes.