Alors que les travaux sur le tronçon de l'autoroute reliant Constantine à El Tarf sont à l'arrêt depuis plus d'un mois, la réalisation des 42 stations de distribution multiservices, dont 14 confiées à Naftal, se révèle sérieusement compromise. C'est ce qui ressort des propos du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, accusant Naftal du retard dans la réalisation des stations, qui, elle, lui rejette la balle, en affirmant qu'elle ne peut lancer les travaux avant que les terrains ne soient terrassés et viabilisés par l'Algérienne de gestion des autoroutes (AGA), tel que prévu dans le cahier des charges. En effet, jeudi dernier, Amar Ghoul avait, lors d'une visite d'inspection de l'échangeur de Meftah à Blida, affirmé qu'une réunion de coordination entre son département et celui de l'Energie a été consacrée à l'état d'avancement des travaux au niveau des stations multiservices confiées à Naftal au cours de laquelle, il « a été demandé » à celle-ci (Naftal) « d'accélérer les travaux de réalisation ». Une manière d'expliquer le retard dans le lancement de ces infrastructures plus que nécessaires pour les automobilistes qui empruntent les tronçons déjà réceptionnés de l'autoroute Est-Ouest. Or, le PDG de Naftal, Saïd Akretche, réfute « catégoriquement » ces accusations en renvoyant la balle à l'AGA, donc le département de Amar Ghoul. Selon lui, les quatorze assiettes foncières, objet de concessions au profit de Naftal, pour accueillir ces structures ne sont ni terrassées, ni viabilisées, comme prévu dans le cahier des charges. « Aucun de ces terrains n'est prêt à recevoir les stations. Certains sont traversés par des lignes électriques de haute tension, d'autres n'ont pas encore fait l'objet d'expropriation, sans compter ceux où il n'y a ni électricité, ni eau et qui sont carrément accidentés », note M. Akretche. Devant une telle situation, dit-il, « aucune réalisation ne peut être engagée. Que l'AGA nous donne un seul terrain prêt et nous lançons tout de suite les travaux… », déclare le responsable. Il explique que c'est en juin 2009, que « la décision de nous octroyer 30% des stations-services, c'est-à-dire 12 sur 42, a été prise et dont la réalisation était considérée comme immédiate. Le cahier des charges oblige l'AGA à livrer les terrains qui sont déjà identifiés, localisés et totalement viabilisés. Un mois plus tard, nous avons lancé l'étude de réalisation. Nous avons mis la pression sur nos fournisseurs, comme AM d'El Eulma, pour l'acquisition de volucompteurs et systèmes de gestion automatisés ou comme CR Métal, pour l'achat de cuves de carburant, mais aussi sur nos partenaires, comme le Centre national des technologies et consulting (CMTC) pour les études d'impact sur l'environnement. Nous avons également lancé le recrutement des agents par le biais des agences d'emploi locales, etc. Naftal est en fait prête à réaliser les stations dès demain, mais lors des visites que nous avons opérées sur les 14 sites, nous avons constaté que ces derniers ne sont ni viabilisés, ni terrassés, ni bornés et certains sont traversés par des lignes de haute et moyenne tensions. Mais de l'autre côté, les travaux peinent à démarrer. Ce qui nous a poussés à proposer à l'AGA, une des filliales de Sonatrach, d'activer le lancement des travaux. En vain ». Pour le PDG, « la réalisation d'une station multiservices exige une moyenne de six mois ». Ce qui revient à dire que même si l'AGA honore ses engagements en mettant immédiatement à disposition de Naftal des terrains prêts à recevoir ces infrastructures, il faudrait attendre six mois pour les mettre en service. Une situation qui a poussé les autorités à recourir provisoirement aux stations mobiles de distribution de carburant. « Ce sont des stations que nous utilisons en général en cas de situation d'urgence. Nous avons prévu, dans un premier temps, la mise en place de quatre stations installées sur les tronçons où les distributeurs sont assez loin. Mais là aussi, il faut un terrain adéquat, c'est-à-dire viabilisé, avec de l'eau et de l'électricité. Ce qui oblige l'AGA à faire l'effort d'engager les travaux sur les sites retenus. » En tout état de cause, il est certain aujourd'hui que les stations multiservices ne verront pas le jour de sitôt sur les tronçons de l'autoroute Est-Ouest déjà réalisés, en dépit de l'optimisme du ministre des Travaux publics. Lequel ministre aura du mal à expliquer (demain lors de son audition par le Président), la paralysie totale des travaux de réalisation des tronçons de l'autoroute reliant Constantine à El Tarf, depuis plus d'un mois. En effet, le chantier pris en charge par une entreprise japonaise est à l'arrêt pour des factures impayées, nous dit-on, ce qui va certainement engendrer des surcoûts et surtout des retards considérables dans la livraison.