Le nouveau Premier ministre, Jean Castex, a rappelé, lors de son discours de politique générale devant les parlementaires, qu'il compte s'attaquer «aux séparatismes», terme prononcé pour la première fois pas le président Emmanuel Macron en octobre 2018 pour esquiver le mot «communautarisme». Pour Arnaud Mercier, spécialiste de la communication politique à l'université Paris 2-Assas, interrogé par Franceinfo, ce choix de changer les termes a pour but de «s'écarter d'un vocabulaire ‘‘traditionnel de la droite plus dure, voire de l'extrême droite'', tout en continuant d'évoquer la même thématique». Jean Castex en a précisé le sens en souhaitant aboutir à un texte qui jalonnerait les moyens «d'éviter que certains groupes ne se referment autour d'appartenances ethniques ou religieuses». «Lutter contre l'islamisme radical sous toutes ses formes est et demeure l'une de nos préoccupations majeures», a-t-il indiqué. Il devait ajouter : «La République, c'est la laïcité comme valeur cardinale, comme fer de lance de la cohésion de la société.» «Mon gouvernement la défendra avec intransigeance.» «Aucune religion, aucun courant de pensée, aucun groupe constitué ne peut s'approprier l'espace public et s'en prendre aux lois de la République.» Un sujet hautement sensible pour lequel explique Le Monde, «les juristes de la direction des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère de l'Intérieur» devront mettre les bouchées doubles pour clarifier cet été le projet de loi avant une présentation en Conseil des ministres à la rentrée. Cette volonté de lutter contre l'islam politique n'est pas nouvelle. Elle est associée bien souvent à la notion de laïcité. Cela a toujours été prétexte à effets d'annonces face à la difficulté d'une démarche que les limites démocratiques contraignent. «L'essor du conservatisme musulman, cible principale» Ainsi, le quotidien Le Monde s'en fait l'écho : «La démarche du nouvel exécutif interroge toutefois, alors que les leviers pour limiter l'essor du conservatisme musulman – cible principale du gouvernement – ont toujours été très limités. Que ce soit l'encadrement du financement des associations cultuelles, le recours au droit de préemption pour les commerces ou le contrôle des écoles hors contrat, l'Etat bute depuis des années sur les moyens de répondre à des initiatives appartenant, la plupart du temps, à la liberté de culte ou relevant de la sphère privée.» En attendant, dans la boîte à outil, on parle d'une nouvelle «charte» de la laïcité ou de «contrats républicains» que devraient signer les associations pour qu'elles espèrent disposer d'aides publiques. «Ce texte serait opposable juridiquement en cas de non-respect. Un chemin acrobatique dont rien ne dit qu'il franchira la barrière du Conseil constitutionnel», craint notre confrère Le Monde. Toujours est-il que le président Emmanuel Macron suit de près ce chantier et en est l'initiateur depuis plusieurs mois. Ce chantier contre lequel ont buté ses prédécesseurs répond à la nécessité d'être concret face à l'islamisme politique, vis-à-vis de ceux qui portent «un projet de séparation d'avec la République». Pour conforter la république Malgré tout, souligne Le Monde, «cette volonté de lutte contre le séparatisme religieux souffre néanmoins, depuis le début, d'un problème de définition. Bien qu'elle vise en pratique aussi, par exemple, la montée du prosélytisme évangélique, elle est accusée par ses détracteurs d'être seulement pun objet politique ‘anti-islam' ». Pour le quotidien Libération, ce projet de loi contre les séparatismes viserait à conforter une République «ébranlée dans ses fondements par la coalition de ses ennemis, terroristes, complotistes, séparatistes, communautaristes». Cependant, dans ce texte attendu pour septembre, «la formulation ‘ appartenances ethniques ou religieuses' promet pas mal de batailles juridico-politiques».